Les dirigeants des pays les plus riches de la planète ont affirmé dimanche en Turquie leur détermination à frapper «très fort» contre la menace djihadiste après les attentats qui ont frappé la France, malgré leurs profondes divergences sur la Syrie.

Avant même son ouverture formelle, l'hôte du sommet du G20, le président turc Recep Tayyip Erdogan, a promis une réponse «très forte, très dure» après la vague d'attaques revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) qui a fait au moins 129 morts vendredi soir dans les rues de Paris.

«Cette attaque terroriste n'est pas seulement dirigée contre le peuple français, mais contre toute l'humanité (...) comme vous le savez, le terrorisme ne fait pas de différence entre les religions, les races, les nations ou les pays», a ajouté M. Erdogan à l'issue d'un entretien bilatéral avec Barack Obama.

D'une même voix, le président américain a promis de «redoubler d'efforts (...) pour assurer une transition pacifique en Syrie et pour éliminer Daech», l'acronyme arabe du groupe EI.

Le numéro 1 russe Vladimir Poutine, dont l'aviation militaire intervient en Syrie en soutien au régime de Damas, a promis d'oeuvrer dans le même sens.

«On ne peut maîtriser la menace terroriste (...) que si toute la communauté internationale unit ses efforts», a-t-il lancé lors d'une réunion avec les dirigeants des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) préalable au sommet.

Selon plusieurs sources, le G20 préparait une déclaration spécifique en réaction aux attentats de Paris, séparée du communiqué final traditionnellement consacré aux questions économiques.

Plus que de simples manifestations de solidarité, Paris a déjà exigé de ses partenaires des mesures significatives.

«La France (...) voudra des décisions concrètes en matière de lutte contre le financement du terrorisme», a déclaré à l'AFP son ministre des Finances Michel Sapin. M. Sapin remplace avec son homologue des Affaires étrangères Laurent Fabius le président François Hollande, qui a annulé son déplacement en Turquie.

Comme pour rappeler l'urgence de la menace, un militant présumé de l'EI s'est fait exploser tard samedi soir lors d'un raid de la police dans la ville turque de Gaziantep, à quelque 500 km à l'est de la station balnéaire d'Antalya, transformée en camp retranché qui héberge les débats des dirigeants du G20.

Divergences

Ces déclarations d'intention cachent toutefois mal les divergences sur une solution à la guerre en Syrie, qui a fait plus de 250 000 morts depuis quatre ans et demi et constitue le terreau des mouvements djihadistes.

Sous la pression des attentats de Paris, la rencontre de Vienne sur la Syrie a accouché samedi d'un «calendrier concret» prévoyant la formation d'un gouvernement de transition dans six mois et l'organisation d'élections d'ici dix-huit mois.

Mais, comme l'a rappelé le secrétaire d'État américain John Kerry, des «divergences» profondes demeurent sur le sort à réserver à M. Assad. La Russie et l'Iran continuent ainsi à le soutenir contre vents et marées, alors que les États-Unis, les Européens et les pays arabes exigent son départ immédiat.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a illustré ce fossé en égratignant Moscou. «Les opérations russes en Syrie doivent se concentrer un peu plus sur l'EI», a lancé l'ex-premier ministre polonais lors d'une conférence de presse.

Directement liée à la Syrie, la crise des migrants doit également occuper dimanche les dirigeants du G20.

Depuis les attentats de vendredi, la politique européenne d'accueil des réfugiés a fait l'objet de critiques, alors qu'un de ses auteurs présumés était porteur d'un passeport syrien et qu'il était entré en Europe via la Grèce au milieu du flot des réfugiés.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a vivement réagi. «Ceux qui ont perpétré les attentats sont exactement ceux que les réfugiés fuient, et non pas l'inverse, et par conséquent il n'y a pas lieu de revoir dans son ensemble la politique européenne en matière de réfugiés», a-t-il dit.

Confrontée à un afflux de migrants, majoritairement syriens, depuis le printemps, l'Union européenne (UE) tente de convaincre la Turquie, qui en accueille 2,2 millions, et les autres pays limitrophes de les retenir, en échange d'une aide financière.

M. Erdogan fait monter les enchères et a d'ores et déjà annoncé qu'il attendait «plus de soutien» de ses alliés.

Le G20 doit aussi débattre dimanche de la situation économique mondiale et du réchauffement climatique, l'occasion de resserrer les boulons en vue d'un accord pour la réduction des gaz à effet de serre à deux semaines de la conférence de l'ONU à Paris.