La chancelière allemande Angela Merkel fait partie des favoris du prix Nobel de la paix, le quotidien Bild croyant en ses chances vendredi, à quelques jours du début de l'attribution de ces prestigieuses récompenses.

Le premier prix Nobel sera celui de médecine, lundi autour de 11 h 30 (5 h 30 à Montréal), avant la physique mardi et la chimie mercredi.

Traditionnellement, ce sont les prix de littérature et de la paix qui cristallisent le plus les spéculations, et le quotidien allemand Bild est persuadé que Mme Merkel a de bonnes chances d'être la prochaine lauréate du Nobel de la paix.

«La raison : ses positions lors de la crise ukrainienne et en faveur des réfugiés», estime le journal.

Au total, 276 personnes et organisations ont été proposées cette année, deux de moins que le record de 2014. De cette liste, l'Institut Nobel norvégien ne dévoile rien, laissant libre court à l'imagination jusqu'au 9 octobre, date à laquelle il révèle le ou les lauréats.

Kristian Berg Harpviken, directeur de l'Institut de recherche sur la paix (PRIO) d'Oslo, est l'un des experts les plus écoutés sur le Nobel de la paix et aussi l'un des rares à oser un pronostic. «Angela Merkel aura le prix Nobel de la paix», a-t-il déclaré jeudi lors d'une conférence de presse.

Dans sa liste annuelle de favoris suivent le gouvernement colombien et les rebelles des FARC pour leurs négociations de paix, et le quotidien d'opposition russe Novaya Gazeta.

La chancelière allemande a proclamé que l'Union européenne avait un devoir moral d'accueillir les centaines de milliers de réfugiés arrivant en Europe cette année et ouvert grand les portes de son pays, qui s'attend à l'arrivée de 800 000 à un million de demandeurs d'asile en 2015.

Cette position lui a valu une volée de critiques dans son propre camp politique en Allemagne ainsi qu'à l'échelle européenne.

«Angela Merkel est la personne qui a pris le leadership» sur le dossier en Europe, a dit M. Harpviken.

La crise des réfugiés figure aussi en haut de la liste de Nobeliana.com, site internet rédigé par des historiens norvégiens spécialistes du Nobel. Il prédit un prix partagé entre le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), déjà lauréat en 1954 et en 1981, et le prêtre catholique érythréen Mussie Zerai, qui a aidé les réfugiés à traverser la Méditerranée.

Novaya Gazeta occupe la deuxième place de cette liste.

«La liberté d'expression est sous pression en Russie et aucun média n'a jamais gagné le prix», justifie Nobeliana.

Iran, Congo, Japon

Parmi les autres noms évoqués, le chef de la diplomatie iranienne Javad Zarif et son homologue américain John Kerry pour l'accord sur le nucléaire iranien, la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN), le gynécologue congolais Denis Mukwege dont l'hôpital est un refuge pour des milliers de femmes violées ou la «Société de soutien à l'article 9», association pacifiste japonaise.

Le pape François, favori des parieurs, est également en lice. Sur le site de paris en ligne Unibet, il devance Mussie Zerai et Novaya Gazeta.

L'an dernier, le prix avait récompensé la jeune militante pakistanaise pour l'éducation des filles Malala Yousafzai et un autre militant des droits de l'enfant, l'Indien Kailash Satyarthi.

Autre gageure pour les parieurs et les experts : le Nobel de littérature. Cette année reviennent les noms de la Bélarusse Svetlana Alexievitch, du Kenyan Ngugi wa Thiong'o, et de l'Américaine Joyce Carol Oates. Mais l'Académie suédoise a l'habitude de surprendre.

Madelaine Levy, critique littéraire du quotidien Svenska Dagbladet, «imagine que le prix ne récompensera pas un Suédois, si peu de temps après Tomas Tranströmer primé en 2011, ni un Français après (Patrick) Modiano» en 2014.

Le jury pourrait enfin récompenser la littérature américaine, les États-Unis étant les grands absents du palmarès depuis 1993. Outre Philip Roth, Don DeLillo et Thomas Pynchon, l'auteur de science-fiction Ursula Le Guin fait partie des nobélisables, même si son genre n'a encore jamais été mis à l'honneur.

Contrairement aux autres prix, la date de l'annonce du Nobel de littérature n'est connue que quelques jours avant. Elle tombe traditionnellement un jeudi, et pourrait donc être le 8 octobre.

Le prix Nobel d'économie devrait achever la saison le 12 octobre.

Chaque prix Nobel est doté de huit millions de couronnes (environ 1,26 million de dollars), à partager entre lauréats s'il y en a plusieurs.