De l'Irak à la Syrie, de la République centrafricaine au Soudan du Sud, du Nigeria au Pakistan, l'année 2014 s'est avérée particulièrement dangereuse pour les enfants partout dans le monde, selon un rapport du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF).

L'organisation a parlé d'une année «d'horreur, de peur et de désespoir» pour les millions d'enfants qui ont dû affronter une «brutalité» rarement observée dans les années récentes, a affirmé son directeur général, Anthony Lake.

Selon les données de l'UNICEF, 15 millions d'enfants se sont retrouvés coincés dans des conflits violents en 2014, alors que 230 millions d'autres étaient établis dans des régions aux prises avec des conflits armés.

Ces chiffres ont été dévoilés le 8 décembre. Le rapport a dû être mis à jour quelques jours plus tard, lorsque des attentats meurtriers dans une école du Pakistan ont causé la mort de 148 personnes, dont 132 enfants.

L'épidémie d'Ebola a elle aussi gravement affecté des milliers d'enfants, devenus orphelins, qui n'ont pas pu aller à l'école.

«Je suis totalement d'accord. Oui, c'est une année assez minable pour être un enfant», a indiqué le directeur de Vision mondiale pour le Soudan du Sud, Perry Mansfield, joint par téléphone dans la capitale, Jouba.

En fait, les enfants ne subissent plus seulement les effets collatéraux des attaques, ils sont clairement ciblés par certains assaillants.

En avril, le groupe islamiste Boko Haram a kidnappé plus de 275 filles d'une école du Nigeria. Le groupe Human Rights Watch a constaté que les jeunes filles ont été forcées de se marier et de se convertir à l'islam, en plus d'endurer de la violence physique et psychologique.

«Nous avons vu des attaques ciblées contre les enfants. (...) Auparavant, il y avait un principe accepté par tous, par lequel on protégeait les civils, plus particulièrement les enfants», a déploré Afshan Khan, directrice des programmes d'urgence de l'UNICEF.

Par ailleurs, les enfants sont de plus en plus forcés de s'enrôler dans des groupes armés, dont 10 000 seulement en République centrafricaine. La guerre civile dans le pays a aussi tué ou blessé 430 enfants, soit le triple du bilan de 2013, selon le rapport.

Le conflit armé de 50 jours dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas a lui aussi beaucoup affecté les enfants. On dénombre 538 morts et 3370 blessés d'âge mineur, en plus des quelque 54 000 autres qui se sont retrouvés sans domicile.

La multiplication des guerres a eu pour effet de décourager les donateurs, et les organismes peinent de plus en plus à remplir leurs missions.

En janvier, l'UNICEF n'avait récolté que la moitié des 2 millions de dollars demandés, forçant l'agence à offrir moins de services dans les zones de guerre, notamment en éducation.

Pourtant, 28,5 millions d'enfants d'âge primaire - dont au moins deux millions en Syrie - ne peuvent aller à l'école dans des pays en conflits, selon Mme Khan.

David Morley, directeur d'UNICEF Canada, s'est souvenu d'une visite dans un camp de réfugiés syriens, où il avait rencontré une jeune fille de 12 ans qui n'était pas capable de lui raconter les histoires de ses livres.

«Elle m'a regardé et m'a dit: "Je ne sais pas. Je le savais avant, mais je n'ai pas été à l'école depuis trois ans alors je ne me rappelle plus comment lire"», a-t-il expliqué.