Stephen Harper et les autres leaders du G20 ont entamé leur sommet annuel à Brisbane, en Australie, dans une atmosphère tendue dominée par la colère de l'Occident envers le président russe Vladimir Poutine.

Le premier ministre canadien n'a pas mâché ses mots lorsqu'il l'a croisé.

Le porte-parole de M. Harper, Jason MacDonald, a indiqué que son patron s'entretenait avec un groupe de dirigeants, samedi matin, au moment où le chef du Kremlin s'est approché en lui tendant la main.

Le premier ministre a alors laissé entendre qu'il n'avait pas tellement le choix de lui serrer la pince, mais il en a profité pour lui dire qu'il devait coûte que coûte «retirer les troupes russes de l'Ukraine».

S'il faut en croire M. MacDonald, la réaction de Vladimir Poutine n'a pas été tellement positive.

Il n'a, cependant, pas fourni davantage de détails à ce sujet.

M. Harper était arrivé de Nouvelle-Zélande vendredi soir et il avait confié à la presse qu'il partageait l'avis de son homologue australien Tony Abbott, pour qui la rencontre devait porter sur les questions économiques.

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M. Abbott réclame ainsi de ses collègues du G20 qu'ils déboursent jusqu'à 2000 milliards de dollars US pour stimuler la croissance au cours des prochaines années.

Quant au premier ministre canadien, il dit toutefois s'attendre à ce que le récent accord climatique entre les États-Unis et la Chine fasse lui aussi l'objet de discussions entre les dirigeants des principales économies mondiales.

De nombreux écologistes ont réclamé que la question de l'environnement apparaisse à l'ordre du jour de la rencontre et le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon, est même allé jusqu'à dire qu'il devait s'agir d'une priorité pour les chefs d'État et de gouvernement réunis en sol australien.

«Les changements climatiques constituent un enjeu de premier plan de notre ère. Il serait donc naturel que les dirigeants du G20 y portent nettement plus attention», a-t-il déclaré.

En y allant de cette sortie, le secrétaire général relayait un message largement entendu dans les rues de Brisbane.

De nombreux militants ont choisi de s'y retrouver pour y tenir des marches et des rassemblements généralement pacifiques pour demander des actions en lien avec le réchauffement de la planète.

Ceux-ci côtoient des gens qui défendent des causes bien différentes. Par exemple, une centaine d'anciens prisonniers politiques et certains de leurs partisans sont également sur place pour exiger que de nombreux décideurs réunis autour de la table au sommet du G20 exercent de la pression sur leurs interlocuteurs chinois pour qu'ils mettent un terme à l'occupation du Tibet.

Les divers manifestants sont étroitement surveillés par les forces de l'ordre qui cherchent à éviter qu'il n'y ait du grabuge. Par le passé, certaines rencontres du G20 ont donné lieu à des affrontements importants. Toronto n'y avait pas échappé il y a quatre ans.

Poutine va quitter le sommet plus tôt que prévu

MOSCOU - Le président russe Vladimir Poutine entend quitter plus tôt que prévu dimanche le sommet du G20 à Brisbane, a indiqué samedi une source au sein de la délégation russe, alors que l'homme fort du Kremlin doit faire face à une pression accrue des Occidentaux sur fond de crise en Ukraine.

«Le programme pour la deuxième journée [pour M. Poutine] a changé. Il a été raccourci», a déclaré à l'AFP une source au sein de la délégation russe sous couvert d'anonymat, à propos de dimanche.

Le président russe participera aux réunions du sommet, mais ne sera pas présent lors d'un déjeuner officiel et parlera devant la presse plus tôt que prévu. «Ce déjeuner est plus une sorte de divertissement», a ajouté la source.

Cette source a toutefois démenti que M. Poutine quittait le sommet face à la pression que font peser sur lui les Occidentaux sur fond de crise en Ukraine. «Il n'y a pas eu de scandale», a-t-elle fait valoir.

«Le sommet du G20 se termine demain. Vladimir Poutine devra nécessairement le quitter, mais seulement lorsque l'ensemble du travail aura été fait», a pour sa part nuancé sur la radio russe Kommersant FM le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

M. Peskov a également démenti que la pression des dirigeants occidentaux, qui ont menacé la Russie de nouvelles sanctions si les combats en Ukraine s'intensifient, a forcé l'homme fort du Kremlin à modifier ses plans.

«Ce sont des bêtises», a-t-il lancé. «Le thème des sanctions est abordé de manière large et active lors de toutes les rencontres bilatérales [du sommet], mais personne ne fait pression», a affirmé M. Peskov.

Les Occidentaux ont accusé cette semaine la Russie d'envoyer des renforts d'armement lourd dans l'est de l'Ukraine, suscitant des craintes d'un retour à une guerre totale.

Les tensions entre la Russie et l'Occident ont ainsi relégué au second plan les autres thématiques de la première journée du sommet du G20 à Brisbane, en Australie.

M. Poutine a notamment rencontré lors du G20 en tête à tête le premier ministre britannique David Cameron et le président français François Hollande.

- Agence France-Presse