Le nombre de francophones a augmenté de 7% sur la planète entre 2010 et 2014, pour atteindre 274 millions de personnes, ce qui fait du français la cinquième langue parlée dans le monde. Par contre, sa place continue de régresser dans les organisations internationales, souligne le rapport La langue française dans le monde, qui sera rendu public aujourd'hui à Montréal et à Dakar, au Sénégal.

«La tendance à l'unilinguisme s'accentue dans la vie internationale», déplore le rapport de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), dont La Presse a obtenu la synthèse. La régression «est spectaculaire» au sein de l'Union européenne, illustre Imma Tor Faus, directrice de la langue française et de la diversité linguistique à l'OIF. «Environ 90% des documents originaux [y] sont rédigés en anglais.»

En plus de compromettre «la participation et l'expression des non-anglophones», écrit le rapport, cet unilinguisme affaiblit la qualité du travail des organisations internationales, où les documents produits dans «un anglais bancal» seraient devenus un véritable problème. Un problème qui inquiète aussi d'autres «espaces linguistiques» que la Francophonie, affirme Mme Tor Faus, ancienne diplomate de la Principauté d'Andorre.

Si les restrictions budgétaires et la «pénurie d'interprètes et de traducteurs» en sont en partie responsables, Imma Tor Faus croit aussi que les représentants des États francophones faillissent à la tâche lorsqu'ils ne s'expriment pas dans leur langue au sein des organisations internationales. «Si certains pays ne donnent pas l'exemple, il est difficile de faire suivre les autres», souligne-t-elle.

Progrès et français

L'Afrique subsaharienne est en grande partie responsable de l'augmentation du nombre de locuteurs du français dans le monde, l'augmentation y ayant atteint 15% entre 2010 et 2014. La croissance a même été de 30%, en moyenne, au Bénin, au Burkina Faso, au Burundi, au Cameroun, au Congo-Brazzaville, au Gabon et au Sénégal.

L'émancipation et la démocratisation de l'Afrique expliquent cette augmentation. «Tout cela est lié au progrès social et économique», poursuit Imma Tor Faus. Davantage d'enfants ont accès à l'école, davantage apprennent la langue de Molière.

Bien entendu, d'autres langues progressent aussi en raison de l'augmentation générale de la population, «mais sur le long terme, en raison de la croissance démographique de l'Afrique et des progrès de la scolarisation, c'est la langue française qui aura connu la plus importante progression à l'horizon 2060», analyse Mme Tor Faus, que La Presse a jointe à Paris avant son départ pour Montréal.

Heureux problème

Qui dit plus d'élèves dit plus d'enseignants. Il en faudra 900 000 de plus dès l'an prochain, et ce, rien qu'au primaire, selon l'UNESCO. D'ici 2030, ce sont pas moins de 2,1 millions d'enseignants qu'il faudra recruter en Afrique subsaharienne, ce qui fait de la progression de l'enseignement «le principal défi» de la Francophonie, selon Imma Tor Faus.

L'OIF a donc lancé en 2008 l'Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres (IFADEM), à laquelle contribuent entre autres les gouvernements du Québec et du Canada. En 2010, le programme ÉLAN, pour écoles et langues nationales, a aussi été mis sur pied, avec l'objectif d'améliorer la qualité et l'efficacité de l'enseignement primaire en Afrique subsaharienne par l'usage conjoint des langues africaines et du français.

La place du français dans l'internet

Le français est l'une des langues les plus utilisées sur le web, après l'anglais et le chinois.

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