L'organisme Reporters sans frontières (RSF) propose que les attaques contre les journalistes soient considérées comme des crimes de guerre par la Cour pénale internationale.

Jusqu'à maintenant, plus de 50 journalistes ont perdu la vie en 2013. Environ 90% de ces assassinats demeurent impunis.

La France, qui occupe la présidence du conseil ce mois-ci, est particulièrement inquiète après la mort de deux journalistes de Radio France Internationale, le mois dernier dans le nord du Mali.

Selon le directeur de RSF, les statistiques sur ces meurtres sont «sinistres» et l'impunité représente un «encouragement» en faveur d'attaques supplémentaires.

L'ambassadeur britannique aux Nations unies, Mark Lyall Grant, a pour sa part déclaré que cette question ne concernait pas seulement les médias, mais tout le monde.

L'ONU se penche sur la protection des journalistes

Le Conseil de sécurité des Nations unies a aussi tenu des discussions informelles, vendredi, à propos de la protection des travailleurs de l'information, dans la foulée d'inquiétudes à propos du grand nombre de meurtres constatés cette année.

La France et le Guatemala vont dresser une liste de propositions concrètes susceptibles de renforcer la protection des journalistes, en particulier dans les zones de conflit, a indiqué vendredi l'ambassadeur français à l'ONU Gérard Araud après une réunion sur ce sujet à l'ONU.

Ce document rassemblera diverses idées évoquées par les participants à cette réunion, dont la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda, la directrice de l'Unesco Irina Bokova et le directeur général de Reporters sans frontières Christophe Deloire. La réunion était co-présidée par la France et le Guatemala et y assistaient plusieurs ambassadeurs membres du Conseil de sécurité.

«Nous verrons ce qui est possible, efficace et acceptable» dans ces propositions, a précisé M. Araud, qui préside le Conseil de sécurité en décembre. Il a rappelé que 76 journalistes avaient été tués dans l'exercice de leur métier depuis le début de l'année - notamment au Mali, en Syrie, en Somalie ou au Pakistan - et de nombreux autres enlevés, «avec un taux d'impunité exceptionnel de 90%».

Christophe Deloire a notamment proposé la création d'un groupe d'experts indépendants chargés de contrôler le respect par les États membres de l'ONU de leurs obligations vis-à-vis de la presse. Il suggère aussi de préciser dans les statuts de la CPI que prendre pour cible un journaliste est un crime de guerre.

La protection des journalistes contre toute violence est inscrite en principe dans plusieurs textes internationaux comme les Conventions de Genève sur le traitement des civils dans les conflits ou des résolutions de l'ONU mais pas de manière assez spécifique, ont expliqué plusieurs des intervenants. «Le meurtre de journalistes est la forme le plus extrême de censure», a souligné l'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant. «L'ONU doit s'impliquer, nous devons trouver des moyens de mieux faire appliquer les textes internationaux existants», a-t-il plaidé.

L'Assemblée générale de l'ONU a décrété le 2 novembre «journée internationale pour mettre fin à l'impunité des crimes contre les journalistes». Cette date coïncide avec l'assassinat des deux journalistes français de Radio France Internationale.

Présente à l'ONU, la directrice du bureau de RFI à Washington Anne-Marie Capomaccio a dénoncé «la banalisation des pressions et des menaces» contre les reporters, en particulier en Afrique. Dans certains pays, a-t-elle rappelé, un journaliste qui suit sur le terrain un groupe rebelle «est assimilé à un rebelle» par le pouvoir en place et il peut être harcelé uniquement parce qu'il a donné la parole à l'opposition légale.

- Avec AFP