La lutte contre la faim a marqué des progrès spectaculaires depuis 20 ans accompagnant le recul de la pauvreté, mais une personne sur huit reste aujourd'hui sous-alimentée dans le monde, essentiellement en Afrique et Asie du Sud, selon la FAO.

Au total sur deux décennies, entre 1990-92 et 2011-2013, le nombre d'affamés est passé de 24% à 14% de la population mondiale, selon le rapport sur l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde (SOFI 2013), présenté mardi par l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à son siège romain.

Pour la FAO, les Objectifs du Millénaire adoptés en 2000, qui visent à réduire de moitié la faim dans les pays en développement d'ici 2015, peuvent encore être atteints et sont déjà en passe de l'être en Asie.

Néanmoins, 842 millions de personnes ont encore souffert de faim chronique au cours de la période 2011-2013, contre 868 millions en 2010-2012 (soit une réduction de 3%).

L'Afrique reste le continent le plus affecté avec plus de 21% de la population qui a faim, en particulier en Afrique sub-saharienne «qui accuse le niveau de sous-alimentation le plus élevé» de la planète et compte 223 millions de personnes affamées de façon chronique.

Au total, près de 60% des personnes sous-alimentées se trouvent toujours en Asie du Sud (295 millions) et en Afrique sub-saharienne, mais même dans cette région, la part de la population sous-alimentée a fortement diminué sur les deux dernières décennies, passant de près d'un tiers à moins d'un quart de la population totale.

Simultanément, la plupart des pays asiatiques «ont enregistré une réduction importante à la fois du nombre et de la proportion de personnes sous-alimentées», notamment en Asie du Sud-Est où la prévalence de la sous-alimentation a baissé en vingt ans de 31 à 10,7%.

L'amélioration de l'accès à la nourriture va de pair avec le recul de la pauvreté (moins d'1,25 dollar par jour), passée statistiquement entre 1990 et 2008 de 47% à 24 % dans l'ensemble des régions en développement, explique la FAO.

Mais plus les pays sont dépendants des importations de denrées de base, telles les céréales, plus «l'accès économique aux aliments est en dents de scie» résume-t-elle. Même si, c'est une surprise, la flambée des cours des céréales sur le marché mondial en 2010-2012 a finalement eu moins d'impact que redouté sur les prix à la consommation.

Ceci s'explique par une combinaison d'autres facteurs qui déterminent les prix, selon la FAO, notamment les coûts de transport (particulièrement bas en 2012 pour le fret maritime mondial), de transformation et les éventuelles subventions aux prix publics.

La FAO relève quand même l'exception notable de l'Afrique de l'Est et de «certains pays importateurs à faibles revenus», où les consommateurs ont été exposés frontalement aux yoyos du marché international. «Notamment les consommateurs les plus pauvres qui consacrent plus de 75% de leurs dépenses à la nourriture».

«Sur les 20 dernières années», considère le FAO, «la disponibilité en nourriture a crû plus vite que la population des pays en développement».

D'où la baisse du nombre des mal nourris mais aussi l'amélioration du régime alimentaire moyen, indique l'agence de l'ONU qui souligne «la baisse de la part des céréales, des racines et des tubercules» au profit des fruits, des légumes, des produits d'origine animale et des oléagineux, «qui ont respectivement augmenté de 90%, 70 et 32%» insiste-t-elle.

«Seules l'Afrique et l'Asie du Sud n'ont pas bénéficié pleinement de cette évolution», leurs régimes respectifs restant dépendants des céréales et tubéreux.

La FAO rapproche encore la bataille de la faim de celle de l'eau: alors que des progrès significatifs ont été faits dans l'accès à l'eau depuis 20 ans estime-t-elle, avec 12% de la population mondiale «privée d'accès adéquat à l'eau potable» en 2010 contre 24% en 1990, seuls 61% des habitants d'Afrique sub-saharienne «ont accès à une fourniture en eau améliorée, contre 90% en Afrique du Nord, en Amérique Latine et dans la plupart des pays d'Asie».