Se croiseront-ils? Se serreront-ils la main? Confirmeront-ils l'amorce d'un dégel entre leurs pays?

«Ils», ce sont Barack Obama et Hassan Rohani. Le président américain et son homologue iranien seront à New York aujourd'hui pour participer à l'Assemblée générale des Nations unies.

La Maison-Blanche n'a pas écarté, jeudi dernier, la possibilité d'un face à face entre les deux chefs d'État en marge de la réunion annuelle de la diplomatie mondiale. Il s'agirait d'une première rencontre à ce niveau en plus de trois décennies de relations conflictuelles entre les États-Unis et l'Iran.

Une rencontre qui suivrait une série de gestes d'ouverture diplomatiques susceptibles de débloquer les discussions sur le dossier du nucléaire iranien. Retour sur cinq de ces gestes.

1. Joyeux Rosh Hashanah

Tout au long de sa présidence, Mahmoud Ahmadinejad a ponctué ses discours d'envolées antisémites, mêlant les négations de l'Holocauste aux menaces contre Israël. Nommé par le successeur d'Ahmadinejad à la tête de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif n'a donc pas manqué de retenir l'attention au début du mois en utilisant son tout nouveau compte Twitter pour souhaiter aux juifs du monde entier un joyeux Rosh Hashanah - le Nouvel An juif. De son côté, le nouveau président iranien a créé un précédent cette semaine en se faisant accompagner à New York par l'unique député juif du Parlement iranien.

2. Échange épistolaire

Barack Obama a confirmé à la mi-septembre l'existence d'un échange de lettres avec son homologue iranien. Les deux hommes se disent prêts à mener des discussions directes pour tenter de trouver une solution diplomatique au dossier iranien. Dans un entretien diffusé à la chaîne NBC, Hassan Rohani a qualifié de "positive" et "constructive" la missive du président américain. Celui-ci a laissé savoir aux Iraniens que la question de leur programme nucléaire était «un problème bien plus important pour» les États-Unis que celui des armes chimiques syriennes. «Il y a une chance pour la diplomatie. J'espère que les Iraniens la saisiront», a-t-il dit à ABC.

3. Campagne médiatique

Hassan Rohani n'était évidemment pas le premier président iranien à accorder des entrevues à des médias américains à la veille de l'Assemblée générale de l'ONU. Mais ses déclarations conciliantes tranchaient avec les propos combatifs ou provocateurs de son prédécesseur. «Nous n'avons jamais cherché à obtenir une bombe nucléaire, et nous n'avons pas l'intention de le faire», a-t-il dit la semaine dernière à la chaîne NBC. Le lendemain, il signait dans le Washington Post une tribune prônant la recherche de solutions "gagnant-gagnant". Pour lui, cela signifierait notamment la levée des sanctions économiques adoptées par l'Occident afin que l'Iran cesse son programme nucléaire présumé.

4. Libération de prisonniers

À moins d'une semaine de l'ouverture de l'Assemblée générale de l'ONU, 12 prisonniers politiques ont été libérés à Téhéran. Se trouvait parmi ceux-ci l'avocate Nasrin Sotoudeh, qui avait été condamnée à six ans de prison pour «atteinte à la sécurité nationale» et «propagande contre le régime». Barack Obama avait déploré son incarcération en 2011 dans un message vidéo adressé au peuple iranien. Les autres prisonniers libérés faisaient partie des personnes arrêtées après avoir contesté la réélection de l'ancien président Ahmedinejad en juin 2009. L'Iran compte néanmoins encore 800 prisonniers de conscience, selon le journal britannique The Guardian.

5. Nouveaux négociateurs

Mohammad Javad Zarif, nouveau ministre iranien des Affaires étrangères, vient d'être chargé des négociations sur le nucléaire. Considéré comme un modéré et un pragmatique, il succède à Saeed Jalili, un conservateur connu pour sa rigidité et son dogmatisme. Il participera jeudi à une rencontre en marge de l'Assemblée générale de l'ONU avec les six grandes puissances qui négocient avec Téhéran sur le nucléaire iranien. Les États-Unis seront représentés par John Kerry. Il s'agira de la première rencontre entre les chefs de la diplomatie américain et iranien depuis 2007.