Son nom est peu connu du grand public. Mais Ibrahim al-Asiri, le fabricant de bombes derrière plusieurs des tentatives d'attentat les plus menaçantes des dernières années, est considéré par les services de renseignement américains comme le terroriste le plus dangereux du monde. Portrait en trois temps de ce combattant aujourd'hui terré au Yémen, où les États-Unis le traquent à coups de tirs de drones.

Une feuille de route explosive

Le jour de Noël 2009, un kamikaze nigérian tente de se faire exploser dans un vol en direction de Detroit en utilisant une bombe cachée dans ses sous-vêtements. Les services de renseignement découvriront bientôt que l'engin est signé Ibrahim al-Asiri, un chimiste saoudien vivant au Yémen et lié à Al-Qaïda. L'homme récidive rapidement. En octobre 2010, al-Asiri planifie l'explosion de deux bombes dans des avions-cargos à destination de Chicago, bombes qui sont interceptées de justesse grâce à des informations transmises aux autorités. En mai 2012, al-Asiri fomente l'explosion d'un avion américain pour souligner l'anniversaire de la mort d'Oussama ben Laden, mais il choisit comme kamikaze un agent double qui fait avorter la mission.

Des bombes de plus en plus sophistiquées

Outré de vous faire scruter par un scanneur à l'aéroport? Blâmez Ibrahim al-Asiri. Selon le Time Magazine, l'homme est à l'origine de plusieurs mesures instaurées au cours des dernières années dans les aéroports. Sous-vêtements truqués, cartouches d'imprimante piégées à la poudre d'explosif... Des officiels américains ont récemment affirmé que le chimiste aurait mis au point un explosif liquide dont on imbiberait les vêtements et qui serait indétectable. «Nous avons affaire à un ennemi déterminé qui est innovateur dans le design, la construction, le camouflage et le déploiement d'engins explosifs improvisés», a dit, dans un congrès récent, le chef de la Transportation Security Administration américaine, John Pistole, cité par le Time Magazine.

Traqué par les drones

Le 30 septembre 2011, un missile tiré par un drone américain s'abat sur deux véhicules au Yémen, tuant ses occupants. Les États-Unis croient alors avoir éliminé Ibrahim al-Asiri, mais il s'agit d'un faux espoir: le terroriste ne fait pas partie des victimes. En 2012, même scénario: un autre drone abat des dirigeants d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique. Mais al-Asiri, encore une fois, échappe à l'attaque. Les États-Unis sont déterminés à l'éliminer pour une raison bien simple: ils craignent qu'il profite de son savoir pour entraîner d'autres combattants à fabriquer des bombes de nouvelle génération.