Le pape François a quitté dimanche Rio de Janeiro «le coeur rempli d'heureux souvenirs», après avoir célébré à Rio devant une marée humaine de trois millions de fidèles massés sur la plage de Copacabana la messe de clôture des 28es Journées mondiales de la jeunesse (JMJ).

L'avion de la compagnie Alitalia à bord duquel ont embarqué le pape et sa délégation a décollé à 19 h 35 (18 h 35 à Montréal) en direction de Rome.

«Je pars le coeur rempli d'heureux souvenirs (...) En ce moment je commence à sentir la nostalgie du Brésil, ce peuple si grand au coeur large; ce peuple si amical», a déclaré le souverain pontife argentin à l'aéroport international Tom Jobim, au terme du premier voyage à l'étranger de son jeune pontificat.

À la fin de sa messe à ciel ouvert au bord de l'océan, le souverain pontife a annoncé que la prochaine édition aurait lieu en 2016 à Cracovie en Pologne, dans la région natale de l'ancien pape et fondateur des JMJ, Jean-Paul II, qu'il proclamera saint à la fin de l'année.

Avant son dernier grand rendez-vous avec les jeunes pèlerins catholiques venus du monde entier, le pape s'est offert un rêve que la météo pluvieuse pendant son séjour lui avait jusque-là interdit: un survol en hélicoptère de la monumentale statue du Christ rédempteur, qui domine sur les hauteurs de Rio la sublime baie de Rio de Janeiro.

Parcourant ensuite toute la baie de Copacabana à bord de sa jeep blanche découverte, il a été acclamé avec une ferveur débordante, comme un Dieu du football ou une vedette rock. «Vive le pape!!!», hurlait la foule.

Apôtre d'une église missionnaire et proche des pauvres, le pape argentin a appelé pendant sa messe les jeunes catholiques à évangéliser «sans peur» de par le monde, «jusque dans les périphéries existentielles».

«Il n'y a pas de frontières, pas de limites: Jésus nous envoie à tous. Il n'est pas seulement pour ceux qui semblent plus proches, plus réceptifs, plus accueillants», a-t-il martelé pendant cette cérémonie aux allures de spectacle, entrecoupée de musique pop-catholique et de chorégraphies flash mob, imitées par une mer de bras se balançant sous un soleil enfin radieux.

La présidente du Brésil Dilma Rousseff, la présidente argentine Cristina Kirchner et le président bolivien Evo Morales ont assisté à l'office sur la plage, surveillée de près par cinq bâtiments de la Marine brésilienne.

Soixante cardinaux, 1500 évêques et 11 000 prêtres étaient présents, selon le Vatican.

La plage était totalement noire de monde. Deux millions de pèlerins du «Woodstock catholique» y avaient passé la nuit à la belle étoile pour une veillée de prière, transformant la plage en camping digne du Guiness des records.

La foule était tellement dense que des milliers de pèlerins ont dormi sur les trottoirs et la chaussée de la promenade longeant l'océan, serrés côte à côte dans des duvets, sous des couvertures. Pendant la messe, des jeunes ont déployé un immense drap blanc à l'effigie du pape François.

Premier pontife sud-américain de l'histoire, il a conquis tout au long de la semaine les «JMJistes» par sa chaleur, sa simplicité, son franc-parler. Ce pape infatigable de 76 ans a déployé une énergie débordante, multipliant les rencontres avec les jeunes, mais aussi avec les habitants d'une favela, d'anciens drogués ou des détenus.

Il a rencontré dans l'après-midi les évêques d'Amérique latine, le continent comptant le plus de catholiques au monde, mais où l'Église est confrontée à une forte progression des églises évangéliques néo-pentecôtistes, plus actives sur le terrain.

Il les a mis en garde contre les idéologisations politiques, «socialisantes» ou «restauratrices», du message évangélique, déplorant l'immaturité de nombreux laïcs latino-américains et vantant la solidité de la foi populaire. Il leur a de nouveau demandé de ne pas se comporter «en princes».

Peu avant son départ de Rio, il a appelé les jeunes catholiques du monde entier à «se révolter contre la culture du provisoire» qui dit que «le mariage est démodé».

«Le mariage est démodé?», a demandé le Saint-Père aux 60 000 jeunes volontaires des JMJ qu'il a tenu à remercier personnellement pour «leur travail et leur dévouement».

«Noooooon!» ont sans surprise hurlé en retour les bénévoles brésiliens.

«Dieu appelle à des choix définitifs. Il a un projet sur chacun (...) Certains sont appelés à se sanctifier en constituant une famille par le sacrement du mariage», a-t-il poursuivi. Samedi soir, François avait invité les jeunes catholiques à suivre les pas de Jésus en s'engageant sur le terrain social et politique pour «changer le monde», sans craindre d'aller à contre-courant.

«Les jeunes dans les rues veulent être les acteurs du changement. S'il vous plaît, ne laissez pas les autres devenir les acteurs du changement. (...) Ne restez pas au balcon de la vie, Jésus n'y est pas resté. Il s'y est engagé! Engagez-vous-y comme l'a fait Jésus», avait-il lancé.

Cette invitation a pris une résonance particulière au Brésil où la jeunesse s'est révoltée en juin pour réclamer une amélioration des services publics (transports, éducation, santé) et crier son exaspération de la corruption et de la classe politique.