Le Sénat américain a voté hier à 82 voix contre 15 pour lancer le débat sur la réforme de l'immigration. L'enjeu: régulariser la situation des 11,5 millions d'immigrants clandestins aux États- Unis, sans pour autant donner carte blanche à des gens qui sont entrés au pays illégalement.

Conditions

Le projet de loi prévoit un resserrement «sans précédent» du contrôle le long de la frontière avec le Mexique, ainsi qu'un «chemin vers la citoyenneté» pour les 11,5 millions d'immigrants clandestins présents en sol américain. Les candidats devront se soumettre à des analyses de dossier, apprendre l'anglais, payer des impôts ainsi qu'une pénalité. Ensuite, ils devront prendre un numéro et attendre que les dossiers des gens qui essaient de devenir citoyens américains légalement soient traités. Il faudrait 13 ans en moyenne à un postulant pour obtenir la citoyenneté.

Sénateurs

Jusqu'ici, les travaux sur l'immigration ont été menés par la Bande des huit, un groupe bipartisan de huit sénateurs qui ont défini les grandes lignes d'une éventuelle réforme. Malgré tout, le Sénat va sans doute considérablement modifier le projet: Mitch McConnell, le leader républicain du Sénat, a dit hier que le projet de loi avait «de sérieuses lacunes». Même si le Sénat approuvait le projet, celui-ci devra ensuite être entériné par la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains - et beaucoup plus à droite sur le plan idéologique.

PHOTO JIM WATSON, AFP

Amnistie

Le mot amnistie fait peur: il donne un passe-droit à des gens qui ont enfreint la loi. Le président Obama a pris soin, hier, de rappeler que le projet à l'étude n'accordait pas l'amnistie aux immigrants clandestins. Le sénateur républicain Marco Rubio, d'origine hispanique et qui fait partie de la Bande des huit, note que le statu quo «est une amnistie de facto» pour eux. Il compte proposer sous peu un amendement controversé qui donnerait davantage de contrôle au Congrès dans l'évaluation des résultats du resserrement de la sécurité à la frontière, un prérequis pour la mise en application du «chemin vers la citoyenneté».

Obama

La grande question sera de voir si le Congrès sera prêt à appuyer le projet de loi, et donc de donner une victoire importante au président Obama. Au cours des dernières années, les élus républicains ont tout fait pour nuire politiquement au président. Or, les électeurs latinos ont voté à 71% pour Obama aux dernières élections, contre 27% pour Romney. Avec de tels résultats, les républicains ont beaucoup de pression pour se défaire de leur image anti-latinos. L'adoption de la réforme de l'immigration serait un premier pas dans cette direction.

PHOTO Archives AP

Le sénateur républicain Marco Rubio.