Les États-Unis se sont alarmés lundi d'une poussée de l'islamophobie en Europe et en Asie et d'une hausse continue de l'antisémitisme dans le monde, dans leur panorama annuel mondial sur les libertés religieuses.

Dans ce rapport exhaustif du département d'État pour 2012, le secrétaire d'État John Kerry a également fustigé la montée de la répression contre des branches minoritaires de l'islam dans des pays musulmans, ainsi que celle visant des groupes religieux en Asie, surtout en Chine.

«La liberté religieuse n'est pas une invention américaine. C'est une valeur universelle garantie par notre Constitution et enracinée dans tous les coeurs», a lancé M. Kerry en présentant à la presse le rapport de son ministère. «La liberté de professer et de pratiquer sa foi, de croire ou de ne pas croire ou de changer de religion, c'est un droit naturel pour tous les êtres humains et c'est ce en quoi nous croyons», a-t-il martelé.

M. Kerry a «exhorté tous les pays à agir pour protéger cette liberté fondamentale».

Comme chaque année, les experts du département d'État ont fait un tour du monde de la pratique religieuse et des obstacles auxquels les fidèles sont confrontés, avec un accent particulier pour 2012 sur l'islam.

«La rhétorique et les actes antimusulmans ont clairement augmenté, particulièrement en Europe et en Asie. Les restrictions gouvernementales, qui correspondent souvent à une animosité de la société, ont débouché sur des actions antimusulmanes qui ont perturbé la vie quotidienne de bon nombre de fidèles», écrivent les rapporteurs.

«Dénégations ou glorifications de l'Holocauste»

Comme l'an dernier, les États-Unis épinglent «les gouvernements imposant des restrictions au port de vêtements religieux, notamment le voile pour les femmes dans les écoles, la fonction publique et les espaces publics», citant une nouvelle fois la Belgique pour sa législation contre la burqa.

Le rapport s'en prend aussi à l'Inde pour l'interdiction du port du voile pour des écolières d'États où les hindous sont majoritaires.

Et le département d'État n'oublie pas les pays musulmans à «majorité sunnite ou chiite» accusés de «réprimer» des groupes minoritaires de l'islam, citant l'Arabie saoudite, le Pakistan, l'Indonésie, Bahreïn ou l'Iran.

Pour 2012, le rapport accorde une nouvelle fois une large place à la Chine, où le gouvernement est accusé d'avoir «harcelé, interpellé, détenu, condamné à la prison un certain nombre de fidèles».

Washington brocarde tout autant la Corée du Nord, mais aussi des pays diplomatiquement plus proches comme le Vietnam et la Birmanie, notamment pour des actions visant les minorités non bouddhiques, comme les musulmans rohingyas.

Par ailleurs, l'antisémitisme inquiète toujours les États-Unis.

Le rapport déplore que le phénomène «continue de progresser dans le monde», à travers «des dénégations ou glorifications de l'Holocauste», ou via «l'opposition à la politique israélienne pour justifier un antisémitisme évident».

Les États-Unis pointent aussi du doigt des responsables gouvernementaux ou religieux au Venezuela, en Égypte et en Iran pour leurs propos antisémites, notamment le président égyptien Mohamed Morsi et son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad.

Traquant des manifestations de l'hostilité aux juifs partout sur la planète, le département d'État cible des profanations en Ukraine et en Russie et dénonce le parti d'extrême droite Jobbik en Hongrie ou encore Mohamed Merah, l'islamiste français qui avait assassiné en mars 2012 dans le sud de la France trois enfants et un enseignant juifs ainsi que trois parachutistes.