À 87 ans, la reine Élisabeth II se retire petit à petit de la scène publique. En participant à l'ouverture du Parlement britannique cette semaine, puis à la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth cet automne, le prince Charles se prépare à son futur métier de souverain.

C'est un fait assuré pour tous les Britanniques: leur reine régnera jusqu'à la fin de sa vie.

Malgré ses 87 printemps et ses 61 années sur le trône, qui font d'elle le deuxième plus ancien monarque régnant au monde après le roi de Thaïlande Rama IX, Élisabeth II ne suivra pas les pas de son amie Beatrix des Pays-Bas, qui a abdiqué le 30 avril en faveur de son fils.

«La reine est en bonne santé, elle ne veut pas rester chez elle en permanence à jouer au bingo ou à faire du pilates, elle veut rester active», nous explique en souriant un observateur renommé de la famille royale, qui préfère rester anonyme.

«Mais son emploi du temps a évolué de manière presque imperceptible ces dernières années pour limiter ses efforts physiques: elle passe plus de temps que jamais à sa résidence de Windsor et n'est présente que trois jours par semaine à Buckingham, sa voiture va la chercher au bas de ses escaliers pour réduire ses déplacements, etc.»

La présence à ses côtés de son fils aîné le prince Charles et de son épouse Camilla, mercredi, lors de la cérémonie d'ouverture du Parlement britannique a pourtant marqué un pas important dans son retrait progressif de ses obligations officielles. L'opération est passée d'autant moins inaperçue que le prince Charles ne s'était pas rendu à cet événement politico-monarchiste depuis 17 ans tandis que sa femme l'a découvert pour la première fois.

Moins populaire que sa mère

Cette tendance a été confirmée par l'annonce mardi dernier de l'absence de la reine, pour la première fois depuis 1973, de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth qui se déroulera en novembre prochain au Sri Lanka. Elle y sera représentée par son fils Charles, qui y participera pour la première fois sans sa mère. Ce geste est d'autant plus fort qu'Élisabeth II considère le maintien de l'unité du Commonwealth comme sa principale tâche de monarque britannique.

Petit à petit, le futur souverain prendra donc la place de sa mère lors des cérémonies officielles. Si celle-ci entend ainsi permettre à son fils d'acquérir de l'expérience en vue de son futur métier, bien qu'il soit de notoriété publique que Charles préfère passer ses journées à la campagne, elle veut aussi préparer l'opinion publique au passage du relais. La transition doit s'opérer de la manière la plus consensuelle possible et rien de mieux pour cela que d'habituer les Britanniques à voir Charles et Camilla se rendre aux quatre coins du royaume ou traverser le globe pour rencontrer leurs sujets canadiens, australiens, néo-zélandais, etc.

La chose n'est pas aisée tant l'image des deux personnages varie: la reine reste populaire, comme l'a prouvé le succès des célébrations de son jubilé de diamant l'an dernier, alors que son fils ne l'est pas du tout depuis sa gestion catastrophique de la fin de son mariage avec la princesse Diana.

Le plus vieux roi

L'arrivée sur la scène médiatique de son fils aîné William à l'occasion de son mariage en avril 2011 avec Kate Middleton a enclenché une nouvelle dynamique. Nombre de Britanniques espèrent que celui-ci monte sur le trône après sa grand-mère. «Il n'en est pas question, Charles sera le prochain roi», nous assure Robert Jobson, un écrivain spécialisé dans la famille royale. «Le système fonctionne, car il est connu de tous; le changer pourrait provoquer son effondrement. S'il survit à sa mère, Charles deviendra alors le roi le plus vieux jamais monté sur le trône britannique.» Ce dernier étant aujourd'hui âgé de 64 ans, William devra ensuite patienter quelques années. Sans doute pas autant que son père...

_________________________________________________

Un futur roi...ou une reine! 

Les Britanniques sont en émoi depuis le mois de décembre: le duc et la duchesse de Cambridge attendent un enfant! La naissance est prévue autour du 15 juillet et elle fait déjà l'objet de toutes les attentions. 

Les médias ont ainsi largement traité du dérapage de la future mère, qui a semblé annoncer par mégarde à une spectatrice qu'elle attendait une fille, tandis que la photo de l'hôpital où elle accouchera, situé dans la campagne proche de la maison de ses parents, a fait la une des journaux.

En effet, que l'enfant de William et Kate soit un garçon ou une fille, il se retrouvera à la troisième place dans l'ordre de succession, derrière Charles et William mais devant Harry, et montera donc un jour sur le trône.

L'automne dernier,les pays du Commonwealth, réunis en Australie, ont déjà modifié leurs statuts pour mettre fin à la règle de primogéniture masculine, qui faisait qu'un garçon prévalait sur ses soeurs aînées pour accéder au pouvoir.

PHOTO SUZANNE PLUNKETT, REUTERS

Peu importe son sexe, le premier enfant du couple royal dont Kate Middleton accouchera pourrait devenir un jour roi ou reine.