Le G8 a menacé jeudi la Corée du Nord de nouvelles sanctions en cas de tir de missile, mais n'a pu que constater la permanence de ses divisions sur la Syrie, se contentant d'appeler à accroître l'aide humanitaire sans mentionner l'épineuse question de la livraison d'armes aux rebelles.

Réunis à Londres, les ministres des Affaires étrangères des pays les plus riches (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Royaume-Uni, Italie, Japon et Russie) ont «condamné dans les termes les plus forts» l'attitude de Pyongyang. Ils ont dénoncé «l'évolution continuelle de son programme d'armes nucléaires et de missiles balistiques».

Ces agissements «constituent une violation directe des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU», ont-ils relevé.

Ils ont «appuyé» la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en faveur «d'un renforcement des sanctions» en cas de nouvel essai nucléaire ou de tir de missile de la part de Pyongyang.

Cette mise en garde du G8 intervient alors que la communauté internationale craint que la Corée du Nord ne procède à un tir de missile autour du 15 avril.

Furieux du nouveau train de sanctions adopté par l'ONU après son troisième essai nucléaire en février et des manoeuvres militaires en cours entre les États-Unis et la Corée du Sud, Pyongyang a multiplié ces dernières semaines les déclarations belliqueuses, agitant même le spectre d'une guerre «thermonucléaire».

Il s'agit d'une réponse «ferme, unie et calme» à la Corée du Nord, a fait valoir lors d'une conférence de presse le chef de la diplomatie britannique William Hague, dont le pays préside actuellement le G8, notant que les huit pays avaient réussi à parler d'une seule voix.

Il n'a pu en revanche que constater «les divisions persistantes» sur le conflit syrien et l'absence d'«avancée» à ce G8.

Dans le communiqué final, les ministres se sont dits «atterrés par le nombre de morts» en Syrie, évalués à 70 000 par l'ONU, mais aucune mention n'est faite de la question de la livraison d'armes aux rebelles, qui continue à diviser les Occidentaux.

Ce sujet a pourtant été au centre des entretiens la veille à Londres entre plusieurs ministres du G8 - William Hague, Laurent Fabius (France) et John Kerry (États-Unis) - et des représentants de l'opposition syrienne, qui réclame des armes pour parvenir à renverser le régime de Bachar al-Assad.

Le secrétaire d'État américain avait simplement fait savoir ensuite qu'il «n'avait rien promis».

Les États-Unis fournissent une aide humanitaire conséquente à la Syrie, mais ont jusqu'à présent écarté l'idée de livrer des armes à l'opposition, craignant qu'elles ne tombent aux mains des extrémistes.

Ces craintes, exprimées par plusieurs autres pays, dont la France, ont été attisées par l'annonce de l'allégeance à Al-Qaïda du Front djihadiste Al-Nosra, en première ligne contre le régime syrien.

La Russie continue, elle, à soutenir contre vents et marées le président Bachar al-Assad.

«Le monde a échoué pour l'instant à assumer ses responsabilités en Syrie et continue dans cette voie», a reconnu William Hague, qui craint que ce conflit ne débouche sur la «plus grande catastrophe humanitaire du XXIe siècle».

M. Hague, qui avait défendu ces dernières semaines, la levée de l'embargo européen sur les livraisons d'armes, a simplement indiqué que le Royaume-Uni discuterait de cette question avec ses partenaires «d'ici la fin mai», date à laquelle l'UE doit réexaminer ses sanctions, dont l'embargo, contre la Syrie.

Le G8 s'est par ailleurs déclaré «profondément préoccupé» par le programme nucléaire iranien. «Nombre de ministres ont dit clairement que la fenêtre de la diplomatie ne resterait pas ouverte éternellement», a souligné M. Hague.

Il s'est en revanche réjoui de l'«accord historique» conclu jeudi sur la lutte contre les violences sexuelles en zone de guerre, assorti du déblocage de 27,5 millions d'euros (environ 36,5 millions de dolars).