L'aventurier britannique Sir Ranulph Fiennes a quitté comme prévu le Cap lundi matin avec son équipe, direction l'Antarctique, pour tenter une première historique : traverser le continent glacé à ski en plein hiver, sans assistance et sans possibilité d'être secouru.

Sur le quai, un orchestre a souhaité bon vent à l'explorateur de 68 ans, qui s'est embarqué à bord du SA Agulhas, un vieux brise-glace sud-africain longtemps utilisé comme navire de recherche scientifique avant d'être reconverti en navire d'entraînement.

Fiennes et ses cinq équipiers doivent toucher les rives du continent blanc à Crown Bay, fin janvier. Ils auront ensuite quelques semaines pour se préparer au départ, prévu en mars, pour une traversée de six mois et quelque 4000 kilomètres.

L'expédition traversera le plateau polaire, à une altitude moyenne de 3000 mètres. Les aventuriers espèrent tenir une moyenne de 35 km par jour, pour atteindre McMurdo Sound en septembre.

Là, il leur faudra attendre, plusieurs semaines ou plusieurs mois, que le brise-glace puisse venir les récupérer.

Il s'agit, selon Fiennes, de la toute première tentative de traversée hivernale de l'Antarctique.

Juin, juillet et août sont les mois d'hiver dans l'hémisphère sud. La température y atteint en moyenne les moins 70 degrés Celsius, et peut atteindre des pics de moins 90.

Durant l'hiver, ces étendues et ces montagnes glacées sont plongées dans l'obscurité la plupart du temps.

«Nous faisons des expéditions depuis 40 ans. Nous avons battu un grand nombre de records du monde. Dans l'Antarctique nous détenons deux énormes records. Mais à chaque fois, c'était en été», a déclaré dimanche M. Fiennes à l'AFP, juste avant son départ.

«Le plus grand explorateur vivant»

«Nous ne sommes donc pas plus experts que n'importe qui en ce qui concerne les voyages hivernaux. Personne n'a jamais fait la traversée en hiver (...) donc nous partons vers l'inconnu», a-t-il dit.

Qualifié par le livre Guinness des records de «plus grand explorateur vivant», M. Fiennes a déjà traversé l'Antarctique à pied et sans assistance en 1992-93, en été.

Il s'est également rendu célèbre en courant sept marathons en sept jours sur les cinq continents, en 2003, et a atteint le sommet de l'Everest à l'âge de 65 ans.

Une fois partis, les aventuriers du continent perdu n'auront plus la possibilité d'être secourus. «Tous les avions, tous les navires disparaissent de l'Antarctique pour huit mois et nous sommes tout seuls. On se retrouve dans une situation où l'on peut mourir», affirme Fiennes.

«C'est pourquoi nous devons essayer de prendre avec nous assez de provisions pour un an et nous partons avec un médecin, ce qui fait de cette expédition la plus importante et la plus lourde dans laquelle nous nous sommes jamais engagés».

En tête de l'expédition, baptisée «The coldest journey» («le voyage le plus froid»), deux skieurs progresseront avec des radars détecteurs de crevasse. Ils seront suivis de deux véhicules à chenilles qui transporteront le matériel, la nourriture, le carburant et le reste de l'équipage.

«Celui qui quitte le véhicule et part à ski doit accepter l'idée que si les choses se passent mal, il mourra, comme c'était le cas il y a 100 ans», dit Sir Ranulph.

Avant de partir, les équipements ont été testés sous des températures atteignant les moins 58 degrés Celsius. «Nous allons utiliser tous les dispositifs connus par l'homme pour réchauffer nos corps et nous aurons de nouveaux appareils respiratoires», explique-t-il.

Pour Anton Bowring, membre de l'équipage, cette aventure représente «l'un des derniers grands défis polaires».

L'objectif de la mission est aussi humanitaire : elle vise à récolter 10 millions de dollars au profit d'un organisme qui vient en aide aux personnes aveugles.

On pourra suivre son avancée sur www.thecoldestjourney.org.