Le Canada perd des investissements chinois de plusieurs milliards de dollars en raison de règles trop confuses sur les prises de contrôle par des intérêts étrangers, affirme le Conference Board dans un rapport rendu public jeudi.

Le groupe de réflexion d'Ottawa est un défenseur des investissements étrangers - notamment de la Chine - et il soutient que les économies qui ont accès à des capitaux étrangers obtiennent de meilleurs résultats en matière de croissance et de création d'emplois.

Mais bien que le gouvernement fédéral ait affirmé que le Canada était disposé à faire des affaires, et qu'il soit très actif sur le front du libre-échange, il a maintenu en place des règles opaques qui font possiblement peur aux investisseurs étrangers, affirme le Conference Board dans son document.

L'organisme a choisi l'exemple de la Chine parce que la superpuissance économique émergente figure également parmi les plus importantes sources de capitaux étrangers. La Chine pourrait en effet devenir le deuxième investisseur d'importance au Canada, après les États-Unis.

Mais le Canada ne reçoit pas sa part pour le moment, affirme le Conference Board, selon lequel l'Australie attire trois fois plus d'investissements chinois.

L'organisme pointe du doigt la Loi sur Investissement Canada, avec sa règle de l'«avantage net» pour le pays, y voyant un obstacle qui pourrait expliquer que des investisseurs en viennent à tourner le regard ailleurs par crainte d'être rejetés.

«La preuve est que notre part mondiale des investissements étrangers s'est effondrée au cours des 25 dernières années», étant passée de 16 pour cent en 1970 à trois pour cent en 2009, a indiqué Glen Hodgson, économiste en chef du Conference Board.

«Nous avons un potentiel de croissance que d'autres pays n'ont pas, et pas seulement dans le secteur des ressources, mais dans toute notre économie. La Chine investit dans le monde en ce moment, et peut-être sommes-nous satisfaits de notre niveau, mais je ne crois pas que nous devrions l'être», a-t-il ajouté.

Le Conference Board estime que le Canada devrait adopter le régime australien dans l'évaluation des investissements étrangers avec des règles clairement définies sur la propriété et la gouvernance.

L'organisme aimerait que les évaluations soient faites en fonction de deux critères: l'intérêt national et la sécurité nationale.

À la suite du rejet controversé de l'offre de prise de contrôle de Potash en 2010, le gouvernement fédéral avait dit avoir l'intention de clarifier les règles sur les investissements étrangers.

Ce printemps, le ministre fédéral de l'Industrie, Christian Paradis, a annoncé quelques modifications modestes qui n'affectent pas la définition de l'«avantage net» pour le pays.