Le terme «mademoiselle», qui demeure largement utilisé en France, devrait disparaître sous peu des formulaires administratifs.

Dans une circulaire publiée il y a quelques jours, le premier ministre, François Fillon, demande que le terme soit remplacé par «madame» de manière à éviter toute mention «sans justification ni nécessité» de la situation matrimoniale des répondantes.

L'expression «nom de jeune fille» devra aussi être abolie de manière à garantir que les femmes puissent s'identifier sans avoir à indiquer leur état civil, comme le font les hommes en cochant la case «monsieur».

L'intervention du gouvernement survient à la suite des revendications de deux organisations féministes qui ont lancé une campagne de sensibilisation à ce sujet l'automne dernier.

Les dirigeantes des Chiennes de garde et d'Osez le féminisme ont fait valoir que les termes en question constituaient «une réminiscence de l'époque où les femmes passaient, avec le mariage, de l'autorité de leur père à l'autorité de leur mari».

«Mademoiselle», ont-elles écrit, est une expression «révélatrice de la place des femmes dans la société qui sont encore infériorisées et ne peuvent toujours pas jouir de l'ensemble de leurs droits».

Thalia Breton, porte-parole d'Osez le féminisme, se félicite de la décision du premier ministre. «Il y avait une différence de traitement entre les hommes et les femmes qu'on ne peut accepter quand on est féministe», a-t-elle souligné.

«Des inégalités partout»

La modification, ajoute Mme Breton, représente une victoire modeste dans une bataille beaucoup plus vaste pour l'établissement d'une véritable égalité homme-femme en France.

«Il y a eu un certain nombre d'avancées, mais le bilan, dans son ensemble, est mitigé. Depuis quelques années, la marche vers l'égalité s'est arrêtée. Il y a des inégalités partout, dans le secteur public, dans le secteur privé, dans le couple», insiste-t-elle.

Le constat est valable notamment pour la question des salaires puisque les femmes continuent, à volume de travail égal, de recevoir une rémunération largement inférieure à celle des hommes.

Une étude divulguée il y a quelques jours par l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) relève que l'écart est de l'ordre de 20%.

Osez le féminisme espère placer les questions d'égalité au coeur de la campagne présidentielle et a lancé un appel à ce sujet qui a été signé à ce jour par «quelques milliers» de personnes.

L'organisation dresse un noir bilan du travail du président sortant, Nicolas Sarkozy, qui n'a cessé depuis cinq ans, selon Mme Breton, de remettre en cause les droits des femmes. Elle cite l'exemple de l'accès à l'avortement, qui est compliqué par la fermeture de centres spécialisés.

«Le programme de l'UMP [parti de la majorité] passe presque complètement à la trappe la question des rapports hommes-femmes», dit-elle.

Le candidat socialiste, au dire de Mme Breton, se montre plus actif sur ce plan. François Hollande a notamment promis cette semaine, en cas de victoire à l'élection présidentielle, de former un gouvernement paritaire et d'instaurer un ministère consacré aux droits des femmes.

Un récent sondage indique que la formation socialiste est la plus susceptible, aux yeux de la population, de promouvoir l'égalité des sexes.

L'affaire DSK

L'arrestation retentissante, en mai dernier, de l'ex-directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn (DSK) dans une affaire d'agression sexuelle avait suscité un vaste débat en France sur les rapports entre les sexes. Mais cette question a largement disparu depuis de l'espace médiatique.

Mme Breton ne pense pas qu'il s'agissait pour autant d'un «feu de paille». «Cette affaire a permis de faire émerger une indignation profonde par rapport au sexisme. Elle n'est pas retombée depuis. C'est à nous de l'entretenir et de poser les questions qu'il faut pour faire bouger les choses», estime-t-elle.