Le chef de l'ONU Ban Ki-moon a accusé lundi des compagnies agroalimentaires de «placer la santé publique en situation de risque afin de protéger leurs profits», lors d'un sommet sur les maladies non transmissibles, qui tuent des dizaines de millions de personnes chaque année.

M. Ban a appelé les chefs d'État et de gouvernement, réunis à New York pour l'Assemblée générale annuelle de l'ONU, à s'impliquer dans des campagnes de prévention de ces maladies favorisées par l'excès de sel, de sucre et de graisse, mais il a également visé directement les compagnies agroalimentaires.

Il existe «une histoire honteuse et bien connue concernant certains acteurs de l'industrie qui ignorent la science, parfois même leur propre recherche», a-t-il dit: ce faisant, ils «placent la santé publique en situation de risque afin de protéger leurs propres profits», a dénoncé M. Ban.

C'est seulement la deuxième fois que l'Assemblée générale annuelle de l'ONU donne lieu à un sommet sur des questions de santé.

Ces maladies non transmissibles (MNT) --telles que cancers, affections cardio-vasculaires, maladies respiratoires chroniques et diabète-- sont la cause de 36 millions des 57 millions de décès enregistrés dans le monde chaque année et l'ONU prédit que ces chiffres vont augmenter dramatiquement, notamment dans les pays pauvres d'Afrique.

La directrice de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan, a quant à elle dénoncé les ravages du tabac, de même que ceux du sel, des graisses non saturées et du sucre.

«Nous plaidons pour des changements dans les modes de vie et des règles strictes pour l'usage du tabac», a-t-elle dit. «Cette réunion doit sonner le réveil pour les gouvernements au plus haut niveau. (...) L'augmentation mondiale des MNT est un désastre annoncé», a-t-elle prévenu.

«Les aliments préparés riches en sel, graisses saturées et sucre sont devenus les nouveaux aliments de première nécessité dans quasiment toutes les régions du monde», a déploré Mme Chan.

«Ils sont facilement disponibles et soumis à un marketing lourd», a-t-elle insisté. «Pour un nombre croissant de personnes, ils sont le moyen le moins cher de remplir un estomac qui a faim», a souligné la chef de l'OMS.

Une déclaration politique que doivent adopter les chefs d'État et de gouvernement évoque explicitement l'effet néfaste du sel, du sucre et des graisses saturées.

Une source onusienne, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a indiqué que cette mention s'était heurtée à la résistance des groupes de producteurs de ces trois substances.

«Les perspectives sont sombres», a déclaré M. Ban. «Les MNT sont une menace pour le développement. Elles touchent durement tout particulièrement les pauvres et les populations vulnérables et les plongent plus profondément dans la pauvreté», a-t-il dit.

Selon l'OMS, les décès causés par les MNT vont augmenter de 17% dans le monde au cours de la prochaine décennie.

«Mais nous savons comment les faire baisser. Traiter les MNT peut être bon marché. La prévention peut ne coûter presque rien et même économiser de l'argent», a encore souligné M. Ban. «La détection est dans l'intérêt de tous. Un traitement précoce réduit les souffrances, diminue les coûts et réduit le risque de handicap et de décès».