Les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) restent un étonnant succès dans un monde sécularisé: tout ce que compte l'Église de mouvements nouveaux, souvent festifs, contribuent à revigorer et rajeunir un catholicisme fatigué et terni par les scandales.

À Madrid, près d'un million de jeunes sont attendus. En 2005, à Cologne, premières JMJ présidées par Benoît XVI, ils étaient environ un million.

Six ans après la mort de Jean Paul II, fondateur des JMJ, et grand communicateur très aimé des jeunes, certains pensaient «que le show Jean Paul II ne pourrait jamais fonctionner avec Benoît XVI», théologien réservé et orateur discret.

Les faits le démentent, note l'expert des questions religieuses, le père Michel Kubler.

«La pédagogie des JMJ fonctionne par elle-même, elles se sont développées comme un outil structuré et structurant pour les jeunes», observe le père Kubler.

Certes, c'est la fameuse «génération Jean Paul II» et ses enfants qui alimente d'abord les JMJ, mais l'évènement ratisse plus large, y compris parmi les jeunes non croyants et en recherche spirituelle, souvent amenés par des amis.

Réseau traditionnel des diocèses, des aumôneries et des paroisses, mouvements d'Église soit anciens (jésuites, dominicains, etc) soit nouveaux - Emmanuel, Focolari, néocatéchuménat, Communion et Libération et tant d'autres -, aucun ne peut ni ne veut manquer ce rendez-vous privilégié où les jeunes peuvent approfondir ou découvrir la foi.

«C'est tout bénéfice, on aurait tort de se priver d'un tel outil», remarque le père Kubler.

À titre d'exemple, parmi les 50 000 Français attendus à Madrid, deux tiers environ viennent des diocèses et un tiers des mouvements d'Église, selon les organisateurs français à Madrid.

Pour les mouvements nouveaux, nés dans les années 80 parallèlement aux JMJ, «c'est un moyen de se rendre visible, de mobiliser ses troupes, et aussi de se faire valoir auprès du Vatican», observe-t-il.

Selon une source du Vatican, «le succès des JMJ s'explique parce qu'elles donnent aux jeunes une image autre de l'Église, ils constatent que l'atmosphère n'est pas monastico-militaire, ils ne se sentent plus seuls, mais dans une ambiance festive et priante» bien différente de nombre de leurs paroisses. Ils réalisent une autre dimension - universelle - de l'Église, souvent inconnue.

Après coup, la présence aux différents JMJ servira de repère entre jeunes: «j'étais à Toronto. Tu étais à Denver», chaque JMJ apportant son expérience commune propre, remarque un observateur.

Depuis 1997, selon lui, «les JMJ sont moins perçues comme un jambooree ou un "Woodstock" catho. La dimension liturgique a été développée. Elles sont devenues d'immenses célébrations et catéchèses», ce qui ne peut que plaire au pape allemand.

Sur Radio Vatican, le cardinal Stanislaw Rylko, président du Conseil pontifical pour les laïcs, a souligné que la cérémonie de clôture des JMJ est un temps d'«envoi missionnaire». Des jeunes y décident de devenir prêtres, religieux ou religieuses.... Pour l'Église en proie aux scandales pédophiles et autres, c'est un vivier de vocations, alors que la «nouvelle évangélisation» est une priorité du pontificat.

Il faut aussi, a souligné le prélat polonais, que les JMJ aient un suivi dans les paroisses: «Si ces éléments manquent, le risque court que les JMJ secouent l'âme des jeunes, suscitent des émotions fortes, mais que tout reste comme avant: ils deviendraient alors un feu de paille».

Qui sont les jeunes qui fréquentent les JMJ? Une majorité de jeunes de familles catholiques, plutôt conservatrices. Les «gauchistes» dans l'Église ont d'abord un peu boudé les JMJ puis ils ont décidé d'y participer.

Moins nombreux seront cette fois les jeunes des pays en développement, la crise économique ayant restreint les possibilités de les faire venir en nombre, y compris par des collectes de solidarité.