La course aux armements a continué en 2010 dans le monde où les richesses naturelles sont devenues une source majeure de tension et où les armes nucléaires représentent toujours un grand danger malgré les promesses de réductions, souligne le Rapport du Sipri 2011 publié mardi.

Ces dernières années, les tensions dans le monde ont été en grande partie alimentées par la lutte pour les richesses naturelles en raison de la croissance de la demande internationale et des pénuries engendrées notamment par les changements climatiques, selon l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri).

Pour le directeur au Sipri du programme Conflits armés et Gestion des conflits, Neil Melvin, «les ressources sont un facteur majeur de conflit».

Et même si «l'on ne peut encore parler de conflit direct entre pays à propos des ressources, il y a certainement une tension accrue qui, dans certains cas peut se transformer en conflit (...) et qui surtout attise les conflits existants», commente-t-il pour l'AFP.

Par exemple, souligne M. Melvin, «tous nos téléphones portables contiennent probablement des minéraux en provenance du Congo», or aujourd'hui, «en République démocratique du Congo la violence entourant les activités minières entraîne la violence générale du pays».

Il relève également le rôle du pétrole dans les tensions au Soudan ainsi qu'en Libye où, selon lui, l'or noir a contribué à provoquer une guerre civile.

La hausse soudaine de la demande liée à l'arrivée massive sur le marché de la consommation de l'Inde et de la Chine a provoqué une compétition accrue dans la recherche de ressources à exploiter, y compris dans l'Arctique, ainsi qu'une augmentation des prix, particulièrement sensible dans l'alimentation.

«Nous avons des projections selon lesquelles les prix de la nourriture pourraient doubler d'ici 2020 en raison de la pénurie ainsi que du changement climatique», souligne M. Melvin.

Or, les violences du Printemps arabe ont été en grande partie engendrées «par des émeutes de la faim et des individus dénonçant les prix des denrées alimentaires».

En ce qui concerne les armes nucléaires, le Sipri souligne que les réductions annoncées sont largement compensées par les modernisations et par la multiplication des vecteurs.

Huit pays (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan et Israël) se partagent plus de 20 500 têtes nucléaires. Sur ce total, «plus de 5000 sont déployées et prêtes à l'emploi, dont près de 2000 sont maintenues dans un état de haute alerte opérationnelle», note le Sipri.

Et les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France et la Chine, pourtant signataires du Traité de non-prolifération (TNP), «soit déploient de nouveaux systèmes d'armes nucléaires, soit ont annoncé leur intention de le faire», souligne le rapport.

En conflit, l'Inde et le Pakistan non seulement continuent de produire des vecteurs pour leurs têtes nucléaires, mais «augmentent leurs capacités à produire de la matière fissile à usage militaire», selon le rapport.

Par ailleurs, le Sipri dénonce la corruption dans le commerce des armes qui constitue «en gros 40% de la corruption globale sur l'ensemble des transactions», tous domaines confondus.

Le rapport annuel reprend aussi des données publiées plus tôt.

Les dépenses mondiales en armement, toujours tirées par les États-Unis, ont connu en 2010 leur plus faible croissance annuelle (+1,3%) depuis 2001 pour totaliser 1630 milliards de dollars.

L'Inde est devenue le plus gros importateur mondial d'armes, qu'elle achète essentiellement à la Russie, et les 100 plus grands fabricants mondiaux d'armement, hors chinois, ont vendu pour 401 milliards de dollars de marchandises en 2009, la palme revenant aux États-Unis où la demande du gouvernement a été soutenue.