Benoît XVI a lancé pour Pâques un appel appuyé à «la solidarité» et à l'«accueil» par tous les pays des exilés et réfugiés d'Afrique fuyant les troubles dans les pays arabes, et a demandé que le dialogue et la diplomatie l'emportent rapidement sur les armes en Libye.

À une semaine du grand rendez-vous de la béatification de Jean Paul II, Joseph Ratzinger a repris deux lignes de force de la doctrine de l'Église, que son prédécesseur évoquait souvent: l'accueil des réfugiés, et aussi, à propos de la Libye, le souhait que «la diplomatie et le dialogue» l'emportent sur «le langage des armes».

Avant de prononcer la bénédiction «urbi et orbi» en 65 langues, le pape allemand a célébré la fête de la résurrection de Jésus-Christ, devant plus de cent mille fidèles massés devant la basilique Saint-Pierre, par un temps ensoleillé.

Benoît XVI, qui vient de fêter le sixième anniversaire de son élection à la tête de l'Église et ses 84 ans, semblait en bonne forme.

La semaine pascale n'aura pas été marquée comme l'an dernier par les scandales de pédophilie dans le clergé qui n'ont pas été abordés, mais par les questions de l'immigration et des catastrophes naturelles.

«Aux nombreux exilés et aux réfugiés qui proviennent de différents pays africains (...) que se manifeste la solidarité de tous!», a exhorté Joseph Ratzinger. Dans plusieurs pays européens, les réactions xénophobes et les limitations à l'immigration se multiplient.

Les révolutions en Tunisie et en Égypte et le conflit en Libye ont amené de nombreux habitants, mais aussi des réfugiés de guerres africaines à fuir vers les pays voisins ou à franchir la Méditerranée vers l'Europe.

Plus de 25 000 immigrés tunisiens et réfugiés africains ayant quitté la Libye ont ainsi débarqué dans le sud de l'Italie.

«Que les hommes de bonne volonté soient éclairés pour ouvrir leur coeur à l'accueil, afin que de façon solidaire et concertée il soit possible de répondre aux nécessités pressantes de tant de frères», a insisté le pape.

Benoît XVI a aussi souhaité qu'«en Libye, la diplomatie et le dialogue prennent la place des armes et que soit favorisé, dans la situation actuelle de conflit, l'accès des secours humanitaires».

Dans tous les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, il a demandé que «la lumière de la paix et de la dignité humaine l'emporte sur les ténèbres de la division, de la haine et des violences».

«Que tous les citoyens, et en particulier les jeunes, mettent tout en oeuvre pour (...) construire une société où la pauvreté soit vaincue et où tout choix politique soit inspiré du respect pour la personne humaine», a-t-il dit, évoquant l'évolution incertaine des révoltes arabes.

Pour la Côte d'Ivoire, il a exhorté à «un chemin de réconciliation et pardon». Le pape s'est en outre associé aux souffrances des victimes au Japon et dans d'autres pays «éprouvés par des calamités».

Le Vendredi saint, dans une interview exceptionnelle accordée à la télévision italienne, le pape avait répondu avec simplicité à une petite Japonaise qui lui demandait pourquoi son pays avait dû souffrir autant. «Nous n'avons pas les réponses, mais nous savons que Jésus a souffert comme vous», avait-il dit.

Dans son prêche de la Veillée pascale, le pape avait longuement insisté sur la «raison créatrice» de Dieu et fustigé ceux qui voient «l'irrationalité» dominer le monde. Si l'homme était «seulement un produit accidentel de l'évolution», «sa vie serait privée de sens ou même un trouble de la nature», avait-il observé.

À ceux, traditionalistes, qui voient dans les catastrophes des avertissements de Dieu, le prédicateur de la Maison pontificale, le père Raniero Cantalamessa, avait rétorqué: «Séismes, cyclones et autres catastrophes qui frappent coupables et innocents ne sont jamais un châtiment de Dieu».