Même si les sommes promises par le Canada tardent à arriver en Haïti, aucun parti fédéral ne semble décidé à faire de l'aide internationale un enjeu électoral, dénoncent les organisations humanitaires québécoises.

En janvier, la coalition Concertation pour Haïti a dénoncé la lenteur d'Ottawa à acheminer les millions promis à Haïti. Selon elle, à peine le tiers des 400 millions qui devaient servir à la reconstruction du pays en 2010 ont effectivement été versés.

Or, la campagne électorale en cours ne fait rien pour rassurer les membres de la coalition. Même si Stephen Harper a brièvement mentionné la reconstruction d'Haïti lors du débat des chefs, aucun parti politique n'a fait de l'aide internationale un enjeu de premier plan.

«Ce qui m'angoisse, c'est que ça ne fait même pas partie de leurs préoccupations pendant les élections, déplore Suzanne Loiselle, directrice d'Entraide missionnaire, groupe qui fait partie de la Concertation pour Haïti. La question de l'aide internationale n'a pas l'air de préoccuper nos chefs de parti en ce moment dans le discours public. Ça a été trois ou quatre lignes dans les débats.»

Le silence des candidats est «regrettable», convient le directeur des affaires publiques d'Oxfam, Michel Verret, mais guère surprenant. Peu importe qui remporte le scrutin du 2 mai, il ignore ce qu'il adviendra des sommes promises à Haïti.

«Le gouvernement canadien a ciblé Haïti comme étant l'un de ses pays prioritaires, explique-t-il. Mais je ne peux pas vous dire aujourd'hui ce qui arrivera après les élections, ni quelle sorte d'importance on donnera à ce dossier.»

Le gouvernement Harper a changé la manière dont l'Agence canadienne de développement internationale (ACDI) finance certains projets humanitaires. Désormais, les enveloppes sont attribuées par appels d'offres, une mesure qui ne plaît pas à tous les organismes sur le terrain.

L'Association québécoise des organismes de coopération internationale a donc lancé sa propre campagne auprès des partis politiques depuis le début des élections, demandant à chacun de prendre position sur la question.

«Il a beaucoup été question de rétablir la réputation et le rôle du Canada en tant que leader international et ça, c'est beaucoup en lien avec l'aide internationale, souligne le directeur général de l'AQOCI, Gervais L'Heureux. Dans ce sens, au moins ça a été abordé.»