Plus de deux millions de bébés sont mort-nés chaque année dans le monde, dont environ la moitié pourraient être sauvés si leurs mères bénéficiaient de meilleurs soins médicaux, selon une nouvelle étude.

Si la grande majorité de ces morts avant la naissance se produisent dans des pays en voie de développement, les taux de mortinatalité dans des nations comme la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis n'ont pas baissé autant que beaucoup d'experts l'espéraient. Et ce, alors que des taux d'obésité croissants chez les femmes enceintes augmentent le risque.

Des experts affirment qu'en fournissant notamment de meilleurs soins obstétriques, en traitant des maladies comme la syphilis, l'hypertension et le diabète chez les mères, ou encore en repérant les femmes ayant dépassé les 41 semaines de grossesse et en leur déclenchant le travail, on pourrait sauver plus d'un million de bébés chaque année.

Cette étude a été financée par les organisations «Save the Children», l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Fondation Bill & Melinda Gates. Elle a été publiée jeudi en ligne dans la revue médicale The Lancet.

«C'est un scandale qu'il y ait autant de morts avant la naissance, alors que cela pourrait être évité», affirme Joy Lawn, une responsable de «Save the Children» en Afrique du Sud.

Dans les pays en développement, la plupart des décès à la naissance sont dus à des complications lors des accouchements, des infections maternelles lors de la grossesse, ou encore des anomalies congénitales. Dans les pays développés, les raisons sont rarement évidentes, et les données sur la surveillance et les autopsies sont incomplètes.

Près de la moitié de ces décès surviennent au moment de l'accouchement, selon l'OMS, qui précise dans un communiqué qu'ils «sont directement liés au manque de soins qualifiés à ce moment critique pour la mère comme pour l'enfant». Ainsi, les deux tiers surviennent en milieu rural, où le personnel obstétrical qualifié n'est pas toujours présent pour prodiguer des soins essentiels.

Mais les estimations fournies par les chercheurs affichent une importante marge d'erreur: les chiffres vont de 2,1 millions à 3,8 millions enfants mort-nés par an. Ils sont basés notamment sur des statistiques collectées dans 33 pays, essentiellement occidentaux. Pour les 160 autres pays, les chercheurs se basent sur des estimations diverses.

William Easterly, spécialiste de l'aide au développement à l'université de New York, estime que ces chiffres ne sont pas assez fiables. «Ce sont des données essentiellement fabriquées», explique le chercheur, qui n'a pas participé à l'étude. S'il se félicite que cette question devienne un sujet de préoccupation, il craint que ces estimations ne faussent les politiques de santé publique.

La Finlande et Singapour ont les taux de mortinatalité les plus bas du monde (deux pour 1 000 naissances), alors que le Pakistan et le Nigeria arrivent en fin de liste, avec 47 et 42 enfants mort-nés pour 1.000 naissances. Aux États-Unis, on compte six enfants mort-nés pour 1.000 naissances, mais ce chiffre est multiplié par deux chez les mères d'origine africaine.

Gary Darmstadt, de la Fondation Bill & Melinda Gates, affirme qu'en dépensant «moins d'un dollar par personne, on pourrait éviter 1,4 million de décès», un chiffre qui concerne les mères, les nouveau-nés et les mort-nés.

L'ensemble des organisations concernées par cette question, notamment à l'ONU ou la Fondation, plaident pour que cette mortinatalité soit réduite de moitié d'ici 2020. Elles estiment à 10 milliards de dollars l'enveloppe nécessaire pour y parvenir.