La crise diplomatique entre Paris et Mexico s'est aggravée après le retrait lundi soir du gouvernement mexicain de l'Année du Mexique en France en raison de la décision de Nicolas Sarkozy de dédier cet événement à Florence Cassez, condamnée à 60 ans de prison pour enlèvements.

«À la lumière des déclarations du président Sarkozy, le gouvernement du Mexique considère que n'existent pas les conditions pour que l'Année du Mexique en France soit menée à bien de manière appropriée», a annoncé le ministère mexicain des Affaires étrangères dans un communiqué.Nicolas Sarkozy avait annoncé lundi soir sa décision de maintenir l'Année du Mexique en France mais en la dédiant à Florence Cassez après discussion à Paris avec les parents de la jeune femme et après avoir parlé «longuement» au téléphone avec elle.

«Il est vraiment surprenant qu'un chef d'État prenne une décision de politique extérieure affectant les liens entre deux peuples et deux gouvernements en consultant une personne condamnée par la justice mexicaine pour des délits de nature particulièrement grave», a souligné le ministère mexicain.

Un tribunal mexicain a rejeté jeudi dernier le pourvoi en cassation de Florence Cassez, qui clame son innocence depuis plus de cinq ans, et confirmé sa condamnation à 60 ans de prison pour enlèvements, port d'armes et participation à des actes de délinquance organisée.

Le Mexique est «prêt» à participer à l'Année du Mexique en France, à la seule condition que les autorités françaises renoncent à la lier à l'affaire Florence Cassez, a répété mardi l'ambassadeur du Mexique en France, Carlos de Icaza.

L'Année du Mexique prévoit de célébrer ce pays pendant toute l'année 2011 à travers plus de 360 manifestations, dont plusieurs grandes expositions et événements culturels, scientifiques et économiques.«Comment peut-on exposer nos artistes, nos créateurs, nos intellectuels, nos chefs d'entreprise à des événements dans lesquels à la place de célébrer notre amitié, on va parler d'une prisonnière», s'est indigné Carlos de Icaza.L'affaire Cassez «est une affaire judiciaire qui appartient aux avocats et aux tribunaux», a-t-il plaidé.

Interrogée par l'AFP, la sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Lourdes Aranda, a estimé que la France avait «changé les règles du jeu de manière unilatérale».

«Nous avions été invités à un événement culturel et cela devient un hommage à une ravisseuse».Face à la réaction du Mexique, Nicolas Sarkozy, qui a renouvelé sa demande d'un transfèrement de la jeune femme en France, a tenté de calmer le jeu.«Je veux redire au peuple mexicain l'amitié du peuple français, l'admiration pour sa civilisation et notre volonté de partager des valeurs communes», a-t-il déclaré. «Pour le reste, il faut garder son sang froid et obtenir des résultats. C'est ce à quoi je vais m'employer maintenant».

Dans son communiqué, le gouvernement mexicain réaffirme, comme il l'avait déjà fait en mars 2009, qu'il ne peut donner son accord au transfèrement de Florence Cassez en France dans le cadre de la Convention de Strasbourg, «en raison des différences substantielles entre les systèmes juridiques des deux pays».

«Le Mexique n'avait pas reçu d'assurance formelle que la peine serait exécutée en totalité», a expliqué mardi Carlos de Icaza.L'avocat de Florence Cassez, Franck Berton a souligné que ce refus du transfèrement démontrait «une nouvelle fois que Florence est un otage politique».