Les relations diplomatiques entre la France et le Mexique traversaient vendredi une crise sérieuse, après le rejet par la justice mexicaine d'un recours en cassation de Florence Cassez, la Française condamnée à 60 ans de prison pour enlèvements.

Le gouvernement français, qui a pris le parti de cette femme de 36 ans arrêtée au Mexique en 2005, n'a pas mâché ses mots: «Un déni de justice», «une décision inique» qui «va peser sur les relations bilatérales», a lancé la chef de la diplomatie Michèle Alliot-Marie.

Dans la foulée, la ministre a annoncé la convocation vendredi de l'ambassadeur du Mexique à Paris. Elle a prévenu qu'elle ne participerait à aucune manifestation de l'Année du Mexique en France, une série d'événements culturels et scientifiques lancés au début du mois.

Jeudi, les trois magistrats mexicains de la Cour de cassation ont rejeté le recours de Florence Cassez, condamnée à 96 ans de prison en première instance avant de voir sa peine ramenée en appel à 60 ans en mars 2009.

Ils n'ont pas suivi la défense de la jeune femme, incarcérée depuis 5 ans, qui espérait démontrer que toute l'accusation «repose sur du sable», sur «des preuves falsifiées».

Son arrestation pour des enlèvements, en compagnie de son ex-compagnon Israel Vallarta, avait fait l'objet d'une retransmission télévisée présentée le 9 décembre 2005 comme un reportage en direct aux abords de Mexico.

La police a finalement reconnu qu'il s'agissait d'une «reconstitution».

«Abattue, effondrée», la jeune femme a assuré au téléphone depuis sa prison: «je hurlerai mon innocence jusqu'au bout».

Le Mexique, où les nombreux rapts sont devenus un enjeu politique majeur, a peu apprécié les critiques françaises: il «déplore» les propos de Michèle Alliot-Marie et réfute tout «déni de justice», dans un communiqué publié vendredi par son ambassade à Paris.

«Le pouvoir judiciaire mexicain dispose d'une indépendance absolue. Le système judiciaire mexicain dispose de pouvoirs et de contrepouvoirs qui permettent à une personne accusée de faire valoir ses droits à tous les niveaux», a indiqué l'ambassadeur Carlos de Icaza à la presse.

La famille de la jeune femme a également contre-attaqué et demandé que l'Année du Mexique en France soit utilisée comme un moyen de pression.

«Je veux qu'on demande l'annulation de l'année du Mexique en France (...). Il est impensable de fêter le Mexique en France tant qu'elle sera là-bas», a plaidé sa mère, Charlotte Cassez.

Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a indiqué qu'il en déciderait une fois que Nicolas Sarkozy aura reçu les parents de Florence Cassez. «Il y a d'une part le Mexique, ses artistes et son patrimoine. Il y a d'autre part l'État», a-t-il dit.

L'avocat français de Florence Cassez, de son côté, a réclamé la saisine par le gouvernement français de la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye.

Nicolas Sarkozy doit recevoir lundi la famille de la prisonnière. Le président avait déjà intercédé auprès de son homologue mexicain, Felipe Calderon, pour le transfert de la jeune femme en France, où son sort a ému.

La brouille entre la France et le Mexique tombe cependant mal pour le chef de l'État qui préside cette année le G20.

Il vient justement de demander à Felipe Calderon de travailler avec la chancelière allemande Angela Merkel à des propositions sur l'une de ses principales priorités, la réforme du système monétaire international.

Le Mexique doit succéder à la France à la présidence du G20 en 2012.