La Russie a signifié une nouvelle fois au Japon qu'elle ne reviendrait «ni aujourd'hui ni demain» sur sa souveraineté sur les îles Kouriles, répondant à des propos jugés «inacceptables» du Premier ministre japonais Naoto Kan dont le pays réclame les territoires contestés.

Lors d'un discours à l'occasion d'une journée annuelle consacrée au Japon à ce différend territorial, M. Kan a qualifié d'«outrage impardonnable» la visite effectuée en novembre par le président russe Dmitri Medvedev aux Kouriles du Sud, que Tokyo considère comme ses «Territoires du Nord».

Il a fait part de sa volonté «inébranlable» à obtenir la restitution au Japon des îles annexées par l'Union soviétique à la fin de la seconde guerre mondiale, une question qui a empêché jusqu'à présent la signature d'un traité de paix entre les deux pays.

«La Fédération de Russie ne reviendra ni aujourd'hui ni demain sur sa souveraineté sur les îles Kouriles», a répondu le conseiller diplomatique du Kremlin, Sergueï Prikhodko.

«Ce que les Japonais appellent «outrages», nous l'appelons des visites de travail du chef de l'État russe, et elles vont se poursuivre obligatoirement», a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait auparavant regretté lors d'une conférence de presse les propos «franchement pas diplomatiques» du Premier ministre japonais.

Il avait souligné que Moscou était toujours prêt au «dialogue» avec le Japon, mais uniquement «dans le cadre d'une reconnaissance sans condition des résultats de la seconde guerre mondiale».

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a aussi condamné une «flambée de prises de position véhémentes» au Japon, suscitée selon Moscou par la position officielle de Tokyo.

Moscou a notamment dénoncé une action de militants nationalistes japonais qui ont piétiné un drapeau russe devant son ambassade à Tokyo.

Le 1er novembre 2010, Dmitri Medvedev est devenu le premier chef d'État russe à visiter le sud des Kouriles, une chaîne d'îles battues par les vents qui s'étire du sud de la péninsule du Kamchatka jusqu'au nord-est du Japon.

Le gouvernement japonais avait été ulcéré par cette visite et avait rappelé pour consultations son ambassadeur à Moscou.

Le président russe a réaffirmé en décembre que les Kouriles du Sud étaient «un territoire russe», mais a proposé à Tokyo dans un geste d'apaisement de créer une zone économique libre dans cette région.

Depuis, d'autres ministres russes se sont rendus dans ces îles riches en or et en argent, et surtout situées dans l'une des zones les plus poissonneuses du monde.

La dernière en date est celle du ministre de la Défense, Anatoli Serdioukov, qui a inspecté vendredi une division d'artillerie dans l'archipel.

Le ministre japonais des Affaires étrangères, Seiji Maehara, attendu jeudi à Moscou, a affiché l'ambition de parvenir à une nouvelle rencontre au sommet entre les dirigeants des deux pays sur la question.

Les îles de Habomai, Shikotan, Etorofu et Kunashiri ont été annexées par les Soviétiques le 18 août 1945, trois jours après l'annonce de la capitulation du Japon. Peuplées d'environ 19 000 habitants pour une superficie totale de quelque 5 000 km2, elles sont depuis administrées par Moscou.

L'URSS, puis la Russie, ont offert à plusieurs reprises de rendre au Japon deux des îles, Habomai et Shikotan, les plus petites et inhospitalières.

Tokyo juge cette proposition inacceptable et continue d'exiger la restitution de l'ensemble des Territoires du Nord.