De la Bosnie à l'Afghanistan, les hommages à Richard Holbrooke se sont multipliés mardi au lendemain du décès du diplomate américain qui n'a pourtant pas laissé que des amis parmi ses partenaires de négociation.

«Véritable géant de la politique étrangère américaine» pour Barack Obama,  Richard Holbrooke, son conseiller spécial pour l'Afghanistan et le Pakistan est mort lundi soir à Washington des suites d'une crise cardiaque à l'âge de 69 ans.

Surnommé le «bulldozer» pour son style direct, le défunt a eu droit à un hommage du président afghan Hamid Karzaï, qui a pourtant eu maille à partir avec lui au cours des deux dernières années.

Dans un communiqué, M. Karzaï a salué «un diplomate expérimenté et compétent de la scène politique américaine qui a grandement servi le peuple américain» et s'est dit «attristé par sa mort soudaine».

Condoléances plus chaleureuses au Pakistan, où le président Asif Ali Zardari a estimé que le pays avait «perdu un ami» qui a joué un «un rôle-clé (...) pour combattre les militants (islamistes) dans notre région».

L'hommage le plus émouvant est venu de Bosnie, en l'honneur de l'architecte de l'accord de paix de Dayton, qui a mis fin à la guerre en Bosnie (1992-1995).

«C'est un homme dont la contribution a été énorme pour interrompre la guerre, pour trouver une solution de paix pour la Bosnie-Herzégovine (...) une paix dont nous profitons aujourd'hui», a déclaré à la presse Bakir Izetbegovic, membre musulman de la présidence collégiale de Bosnie.

Richard Holbrooke «a réussi et je l'en remercie, en mon nom et au nom du peuple que je représente», a ajouté le dirigeant bosnien, dont le père, Alija Izetbegovic, alors président de la Bosnie, avait participé aux négociations de l'accord de paix de Dayton.

L'hommage est venu aussi du côté serbe. Le président de la Republika Srpska, Milorad Dodik, a déclaré que le décès de Richard Holbrooke constituait «une grande perte (...) pour la diplomatie américaine et internationale». M. Dodik a estimé que l'accord de paix de Dayton avait «posé les bases d'une nouvelle composition» de la Bosnie.

A Pristina, le Premier ministre kosovar Hashim Thaçi, un ancien dirigeant de la guérilla albanaise, a déploré la perte d'«un ami et la voix défendant les intérêts de la République du Kosovo». En tant qu'envoyé dans les Balkans du président Bill Clinton, Richard Holbrooke a joué un rôle décisif dans la résolution de la crise au Kosovo à la fin des années 1990.

Ailleurs dans le monde, le Premier ministre britannique David Cameron a salué un «infatigable champion de la paix qui a travaillé sans relâche pour un monde meilleur».

Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a salué «un ami» et «une source d'inspiration pour nous tous».

La ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a évoqué «l'infatigable négociateur» qui s'est montré un «partisan convaincu du rôle des Nations unies» tout au long de sa carrière.

Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a rendu un hommage appuyé à l'«habileté diplomatique» et à la «légendaire détermination» de Richard Holbrooke.