Des États membres des Nations unies se sont prononcés jeudi pour une réforme rapide du Conseil de sécurité qui aboutirait à l'élargissement du cercle fermé des membres permanents, mais d'autres ont clairement averti que ce processus serait long et compliqué.

Le Conseil «doit refléter les réalités politiques du XXIe siècle», a souligné le représentant du Japon, Tsuneo Nishida. Il a rappelé qu'il n'avait été réformé qu'une seule fois, il y a plus de 45 ans.

«La position du Japon est que le Conseil de sécurité doit être réformé par le biais de modifications qui permettent d'élargir tant la liste des membres permanents que celle des membres non permanents», a-t-il ajouté, soulignant que le Japon était candidat à un poste de membre permanent.

Les discussions pour l'élargissement du Conseil de sécurité durent depuis des années sans véritable avancée. Les États membres ne sont d'accord ni sur le rythme de la réforme, ni sur la liste des pays appelés à rejoindre le club fermé des membres permanents.

Le président Obama a soutenu lundi la demande de l'Inde pour être membre permanent, invitant la plus grande démocratie du monde à prendre sa place «légitime» parmi les puissances mondiales.

Le Conseil de sécurité est composé de cinq membres permanents avec un droit de veto (États-Unis, Chine, France, Russie, Grande-Bretagne) et comprend aussi dix membres non permanents.

L'ambassadeur d'Allemagne, Peter Wittig, dont le pays est candidat à un siège de membre permanent, a souligné que «le temps ne joue pas en faveur de l'ONU si une adaptation de ses structures aux réalités de notre temps ne peut pas être réussie bientôt».

«Nous devons parvenir à une réforme de compromis si le Conseil de sécurité veut préserver sa place au coeur du système multilatéral», a-t-il ajouté.

L'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, a souligné de son côté que le choix était clair entre «une répétition stérile» de vagues déclarations sans suite, auquel cas «la réforme du Conseil de sécurité mourra d'une mort lente à la satisfaction de certains mais à notre détriment à tous».

«Ou bien au contraire, nous commençons une négociation. C'est une question de volonté politique», a-t-il dit, rappelant que la France est en faveur de l'entrée dans le club des membres permanents de l'Inde, du Japon, de l'Allemagne, du Brésil, d'un pays d'Afrique et d'un pays du monde arabe.

L'ambassadeur chinois, Li Baodong, a souligné que son pays était pour une réforme «raisonnable», mais que celle-ci était «un projet complexe et difficile». La Chine, a-t-il lancé, «est opposée à toute limite de temps artificielle» pour parvenir à un accord.

L'ambassadeur de Russie, Vitaly Tchourkine, a quant à lui soufflé le froid. «Nous sommes pour maintenir un format de membres du Conseil compact» et ne pas toucher aux prérogatives actuelles des membres permanents, en particulier le droit de veto, a-t-il dit.

Toute réforme devrait être basée «sur le soutien le plus vaste possible» et les modèles d'élargissement qui sont actuellement proposés «ne bénéficient pas d'un tel soutien», a-t-il ajouté.

L'ambassadrice des États-Unis, Susan Rice, avait clairement averti mercredi qu'il ne fallait pas s'attendre à une avancée rapide.

«Le processus ici à New York sur la réforme du Conseil de sécurité a été lent. Il est compliqué par le fait qu'il y a des opinions très différentes parmi les pays membres et la réalité est que cela continuera d'être une négociation complexe et potentiellement longue», a-t-elle dit.