Il n'y a «rien de très tangible» dans les menaces d'attentats en Europe et «il faut être prudents» car une réaction exagérée ferait le jeu d'Al-Qaïda, a estimé lundi Richard Barrett, chef de l'équipe de surveillance des activités d'Al-Qaïda et des talibans à l'ONU.

Les réseaux jihadistes, et celui créé par Oussama ben Laden en particulier, «ont tenté de monter depuis longtemps une série d'attaques simultanées en Europe», a-t-il dit à l'AFP. «Mais cette fois, autant que nous sachions, il n'y a rien de très tangible».

Les projets d'attentats, qui ont mis l'Europe sur le qui-vive, «étaient au niveau des discussions initiales, pas même au niveau des planifications opérationnelles» a ajouté M. Barrett, ancien chef du contre-terrorisme au MI6 (services de renseignements extérieurs britanniques).

«Il s'agit davantage des discussions» entre conspirateurs, dit-il. «Nous avons vu des pics de discussions comme cela auparavant, et cela ne se transforme pas forcément en opérations terroristes».

«Pour Al-Qaïda, il est très efficace de voir une histoire pareille faire le tour du monde», précise M. Barrett. «Ils ont obtenu l'attention du monde entier, et c'est ce qu'ils cherchent. Leur but est de terroriser, pas de tuer. Ils ne sont pas stupides. Ils peuvent ainsi obtenir beaucoup avec pas grand chose».

Une partie des renseignements qui ont alarmé l'Europe proviennent, selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, d'un allemand d'origine pakistanaise, Ahmad Siddiqui, prisonnier sur la base américaine de Bagram, en Afghanistan, qui aurait évoqué ces projets d'attentats.

«Des membres d'Al Qaïda ont peut-être fait croire à ce Siddiqui que quelque chose d'important était en préparation», a poursuivi M. Barrett. «Il est difficile de vérifier ce qu'il dit. Et lui, il dit peut-être à ceux qui l'interrogent ce qu'ils veulent entendre».

«Il faut accepter que ce genre de risque, que quelqu'un prenne une arme et tire sur le foule sur les Champs Elysée, puisse arriver de temps en temps. Que pouvez-vous faire ? Fermer le pays ? Il faut trouver un juste équilibre. Accroître l'anxiété du public n'aboutira pas à grand chose. Il ne faut pas le faire trop souvent, il faut choisir son moment», a-t-il conclu.