À la veille du premier anniversaire de l'élection de Barack Obama à la Maison-Blanche, les électeurs de New York, du New Jersey et de la Virginie, entre autres États, étaient appelés aux urnes pour participer à des scrutins locaux en forme de tests de la popularité du président démocrate. Un an plus tard, que reste-t-il de l'euphorie qui avait accompagné l'élection historique?

Barack Obama n'avait pourtant pas manqué de prévenir ses compatriotes: les défis auxquels il aurait à faire face en tant que président seraient énormes.

«La route devant nous sera longue. La pente sera dure. Nous n'y serons peut-être pas en un an ni même en un mandat», avait-il déclaré à Chicago le soir du 4 novembre 2008.

«Il y aura des échecs et des faux départs, avait-il ajouté. Beaucoup ne seront pas d'accord avec toutes les décisions que je prendrai en tant que président.»

N'empêche: un an après l'élection de Barack Obama à la Maison-Blanche, la déception, l'impatience ou la résignation font déjà partie des sentiments qui habitent les partisans du président. Certains d'entre eux, frustrés par la lenteur apparente de la mise en chantier du programme démocrate, n'hésitent pas à dire comme les détracteurs du chef de la Maison-Blanche: il manque à cet homme une colonne vertébrale; il n'inspire pas la peur aux démocrates ou aux républicains du Congrès, et encore moins aux ennemis des États-Unis.

Départ canon

Un certain désenchantement était inévitable après l'euphorie qui a accompagné l'investiture du premier président de couleur aux États-Unis, le 20 janvier dernier, et un départ canon au cours duquel il aura notamment promulgué un plan de relance économique de 787 milliards de dollars, étendu la couverture de santé à environ quatre millions d'enfants défavorisés, encadré les activités des cigarettiers et stabilisé le système financier.

Malgré son charisme personnel, Barack Obama ne pouvait espérer récolter indéfiniment 60% et plus d'opinions favorables dans les sondages, son score dans les cinq premiers mois de sa présidence. Surtout pas avec un taux de chômage qui frôle les 10%.

Mais le démocrate de Chicago est en partie responsable de ce désenchantement relatif (un an après son élection, le pourcentage d'Américains qui se disent satisfaits de sa performance correspond à peu de chose près à son score du 4 novembre 2008, soit un peu moins de 53%). Sa promesse de mettre fin aux divisions partisanes qui paralysent Washington depuis des années semble aujourd'hui d'une naïveté confondante.

Sa propension à annoncer des dates butoirs a également nui au président. Tout indique qu'il ne parviendra pas à fermer le centre de détention de Guantánamo d'ici au 22 janvier 2010, comme il l'avait promis au deuxième jour de son mandat. Il a également suscité de faux espoirs en exhortant le Congrès à adopter la réforme du système de santé avant les vacances parlementaires du mois d'août.

Épine dorsale

Dans le dossier de la santé, Barack Obama a adopté une stratégie qui a fait rager nombre de ses partisans pour une autre raison. Après avoir ébauché quelques grands principes, il a laissé aux démocrates du Congrès le soin de négocier les détails, donnant parfois l'impression d'être prêt à tous les compromis pour parvenir à une entente. Il a utilisé une approche semblable dans le dossier du climat, aujourd'hui à l'étude au Sénat après avoir fait l'objet d'un vote favorable à la Chambre des représentants.

D'où ce refrain qu'entonnent de plus en plus souvent les critiques du président démocrate, à savoir qu'il n'a pas d'épine dorsale. Certains étendent cette critique à la politique étrangère de l'administration Obama, dont l'approche vis-à-vis du nucléaire iranien ou du conflit israélo-palestinien, notamment, n'a pas encore donné de résultat.

Au bout du compte, cette approche pourrait néanmoins permettre à Barack Obama de revendiquer ses plus grands succès, notamment dans le dossier de la santé. En fait, si le Congrès parvenait à adopter dans les prochaines semaines une réforme qui se tienne, ce certain désenchantement à l'égard du démocrate de la Maison-Blanche pourrait faire place à une admiration certaine.

Et la présidence de Barack Obama ne serait probablement plus la même.