«Le temps du changement que tout le monde attend est arrivé», avait lancé Barack Obama le 3 novembre 2008, dans le dernier discours de sa campagne présidentielle, devant une foule vibrante de 90 000 personnes réunie à Manassas, en Virginie.

La semaine dernière, le président américain est retourné dans cet État, qui élira demain un nouveau gouverneur. La teneur de son discours reflétait sa frustration face à certains de ses critiques, qui se plaignent de la lenteur du changement.

«Après mon investiture, j'ai découvert qu'ils avaient laissé un beau gâchis par terre. Alors j'ai pris un balai et j'ai commencé à nettoyer. C'est O.K., ça ne me gêne pas», a-t-il déclaré sous les rires et les applaudissements dans un amphithéâtre de Norfolk. «Mais vous savez, ce qui me gêne, c'est quand on commence à dire: «Vous ne passez pas la serpillière assez vite. Vous ne tenez pas le balai comme il faut.» Pourquoi alors ne prenez-vous pas vous-mêmes un balai?»

La frustration de Barack Obama pourrait augmenter demain après deux des rendez-vous électoraux qui retiennent l'attention du monde politique aux États-Unis, en Virginie et dans le New Jersey, autre État où le poste de gouverneur est en jeu. Des rendez-vous que certains observateurs considèrent comme un référendum sur le président et son programme.

Verdict prévisible

Le verdict électoral le plus prévisible est celui de la Virginie, qui a majoritairement voté pour Barack Obama en 2008 après avoir boudé les candidats démocrates à la présidentielle pendant 44 ans. Or cet État du Sud, dont les deux derniers gouverneurs étaient des démocrates, s'apprête vraisemblablement à jeter son dévolu sur le républicain Bob McDonnell, qui jouit d'une avance confortable dans les sondages sur son adversaire démocrate, Creigh Deeds. Et l'intervention du président n'y changera probablement rien.

«Si l'on se fie à la plupart des sondages, le président demeure relativement populaire en Virginie, mais l'opposition à sa politique semble plus intense chez les républicains que l'appui des démocrates à l'égard de son administration», explique Larry Sabato, politologue à l'Université de Virginie.

Cela dit, Sabato ne fait pas partie des experts qui voient les scrutins de demain comme un test électoral pour Barack Obama, contrairement à Karl Rove, ex-stratège de George W. Bush. Selon ce dernier, les électeurs enverraient un message clair au président et aux démocrates en élisant un républicain non seulement en Virginie, mais également au New Jersey, un bastion démocrate où le gouverneur sortant, Jon Corzine, est talonné par le républicain Chris Christie.

«Il y a un an, les démocrates affirmaient que M. Obama avait redessiné la carte électorale à leur avantage», a écrit Rove dans le Wall Street Journal. «Les électeurs vivent depuis neuf mois sous la direction des démocrates et plusieurs d'entre eux, particulièrement les indépendants, n'aiment pas ce qu'ils voient.»

«Les élections de mardi, conclut-il, fourniront l'indication la plus concrète de la force du ressac et du danger auquel feront face les démocrates centristes en 2010.»

En novembre 2010, les élections de mi-mandat constitueront sans contredit un référendum sur Obama et ses positions en matière de santé, d'emploi, de déficit et d'énergie, notamment.

Républicains divisés

En attendant, les scrutins de demain, en Virginie et au New Jersey, ne sont pas les seuls à avoir un retentissement national.

C'est également le cas de l'élection qui a lieu dans une circonscription du nord de l'État de New York pour combler le siège laissé vacant à la Chambre des représentants par le républicain John McHugh, nommé secrétaire de l'Armée par Barack Obama.

Le scrutin divise les républicains, dont les plus conservateurs - Sarah Palin et Rush Limbaugh, entre autres - ont tourné le dos à la candidate de leur parti, Dede Scozzafava, afin d'appuyer le candidat du Parti conservateur, Douglas Hoffman.

En chute libre dans les sondages, Scozzafava a annoncé samedi son retrait de la course avant de donner le lendemain son soutien au candidat démocrate, Bill Owens.

De son côté, le Comité national républicain, qui avait d'abord appuyé Scozzafava, jugée trop modérée par les purs et durs (elle défend notamment l'avortement et le mariage gai), soutient désormais Hoffman.

S'il faut se fier aux derniers sondages, Hoffman pourrait bien vaincre Owens. Il s'agirait d'une victoire éclatante pour les Palin, Limbaugh et Cie dans ce qui serait considéré comme un référendum non pas sur Barack Obama, mais bien sur l'avenir du Parti républicain.