Le procès pour génocide de l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a pris hier un faux départ en raison de l'absence de l'accusé, qui a contraint les juges du Tribunal pénal international (TPI) de La Haye à le reporter à aujourd'hui.

Radovan Karadzic, qui se défend seul, «ne comparaîtra pas» non plus à cette nouvelle audience, a déclaré Marco Sladojevic, l'un de ses avocats, après avoir rencontré l'accusé. «Il demande plus de temps pour se préparer», a-t-il précisé.

Le juge sud-coréen O-Gon Kwon a ajourné le procès un quart d'heure après son ouverture, en constatant «l'absence de l'accusé et d'un avocat pour le représenter».

Il a appelé M. Karadzic, qui avait en vain réclamé en septembre 10 mois supplémentaires pour se préparer, à «être là» aujourd'hui, sans préciser ce qui se passerait s'il était toujours absent. Le procès doit reprendre en après-midi aux Pays-Bas avec la présentation par le procureur Alan Tieger des charges de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis durant la guerre de Bosnie (1992-1995).

Actes d'accusation

Radovan Karadzic, 64 ans, est notamment accusé du massacre de Srebrenica, au cours duquel plus de 7000 hommes et garçons musulmans ont été tués en juillet 1995, ainsi que du bombardement de Sarajevo, qui a fait 10 000 morts civils en 44 mois. Il plaide non coupable.

L'accusé risque la prison à vie pour avoir, selon l'accusation, voulu «chasser à jamais» des millions de Musulmans et Croates des territoires de Bosnie convoités par les Serbes, en orchestrant une campagne de «nettoyage» ethnique.

L'acte d'accusation détaille deux charges de génocide, lors des premiers mois de la guerre, et pour le massacre de Srebrenica, le plus sanglant commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

L'ajournement du procès a provoqué la colère de mères de victimes venues de Bosnie à La Haye. «C'est comme si on était tués une seconde fois», a lancé Munira Subasic, 62 ans, qui a perdu des proches lors du massacre de Srebrenica.

Lors de la guerre, Radovan Karadzic, alors président de la République autoproclamée des Serbes de Bosnie, voulait, avec l'ex-président yougoslave Slobodan Milosevic, une «Grande Serbie» comprenant 60% de la Bosnie.

M. Karadzic, arrêté en juillet 2008 à Belgrade, est le plus haut responsable du conflit bosniaque à être jugé par le TPI. M. Milosevic est mort à La Haye en 2006 avant la fin de son procès et le chef militaire des Serbes de Bosnie, le général Ratko Mladic, est toujours en fuite.