Cinq Français, un Togolais et un Malgache, pour l'essentiel des salariés des groupes français Areva et Satom, ont été enlevés jeudi matin dans le nord minier du Niger, où opère Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a-t-on appris de source sécuritaire nigérienne.

«Les assaillants seraient probablement des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique» ou des bandits qui vendent leurs otages aux jihadistes, a indiqué cette source à l'AFP.

La France a confirmé l'enlèvement de cinq de ses ressortissants dans la région d'Arlit (1.000 km au nord de Niamey).

Après avoir évoqué le rapt de deux de ses salariés, Areva, qui exploite des mines d'uranium dans la région, a précisé qu'il s'agissait d'un salarié et son épouse, tous deux français.

Les cinq autres personnes kidnappées travaillaient pour Satom, filiale du groupe Vinci de bâtiment et travaux publics, très présente en Afrique et qui travaille comme sous-traitant d'Areva sur le site d'Arlit.

Selon une source sécuritaire nigérienne, l'enlèvement a eu lieu «entre 02H00 et 05H00 du matin» (entre 01H00 et 04H00 GMT). Les sept personnes étaient «sorties sans escorte et ont été surprises par un groupe de ravisseurs enturbannés, venus à bord de cinq pick-up», a rapporté cette source.

Paris et Niamey ont assuré de leur mobilisation.

«Tous les services de l'État sont pleinement mobilisés, notamment le centre de crise du ministère des Affaires étrangères ainsi que notre ambassade à Niamey», a indiqué le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero.

«Un certain nombre de dispositions ont été prises, aussi bien militaires que policières, pour rapidement rechercher les victimes ainsi que les auteurs de l'enlèvement, sans pour autant compromettre la vie des otages», a déclaré le porte-parole du gouvernement nigérien, Laouali Dan Dah, sans plus de précision.

Actif dans la vaste bande sahélo-saharienne, Aqmi a déjà commis plusieurs rapts d'Occidentaux dans le nord du Niger, frontalier du Mali et de l'Algérie.

Le 19 avril, un Français de 78 ans, Michel Germaneau, qui travaillait sur un projet humanitaire, avait été enlevé dans le nord nigérien par un commando d'Aqmi. Son exécution avait été annoncée le 25 juillet par le groupe.

Aqmi avait lancé ensuite des menaces contre les intérêts français en France et dans la région, et la France avait renforcé ses mesures de sécurité.

Dans son dernier conseil aux voyageurs actualisé sur son site Internet le 31 août dernier, le Quai d'Orsay indiquait que «les menaces d'Al-Qaïda au Maghreb islamique contre les ressortissants français doivent être prises très au sérieux».

«Les risques d'enlèvement dans la bande frontalière avec le Mali, tout particulièrement à proximité de la région de l'Azaouagh, restent élevés», ajoutait-il.

Il précisait encore que «les mines, le brigandage et les grands trafics constituent une autre menace sérieuse sur l'ensemble de la zone saharienne de l'Aïr et du Ténéré,» et qu'il «est formellement déconseillé de se rendre dans les régions situées au nord de la ligne reliant Ayorou-Ingaï-Agadez-Nguimi».

La région d'Arlit a été également le théâtre d'une rébellion touareg entre 2007 et 2009.

Après la mort de Michel Germaneau, Areva avait annoncé le 27 juillet le renforcement de sa vigilance au Niger, où il extrait près de la moitié de son uranium dans deux gisements et emploie près de 2 500 personnes, dont une cinquantaine de Français.

Pays parmi les plus pauvres du monde, le Niger est le troisième producteur mondial d'uranium.