Les talibans pakistanais sont plus que jamais dans le collimateur des États-Unis, qui les ont placés mercredi sur liste noire tout en inculpant leur chef du meurtre de sept agents de la CIA.

Washington offre jusqu'à 5 millions de dollars pour tout renseignement permettant l'arrestation d'Hakimullah Mehsud, poursuivi pour «complot terroriste» par la justice fédérale américaine.

Le chef des talibans pakistanais (Tehrik-e-Taliban, ou TTP) est soupçonné d'avoir une responsabilité dans l'assassinat le 30 décembre 2009 de sept agents de la CIA en Afghanistan, a annoncé le ministère de la Justice.

Le 30 décembre, l'auteur désigné de l'attentat-suicide, le Jordanien Humam Khalil Abu-Mulal al-Balawi, présenté comme un agent double à la solde d'Al-Qaïda, s'est fait exploser sur une base de la CIA à Khost, dans l'est de l'Afghanistan.

Balawi, dans une vidéo diffusée après sa mort sur la chaîne de télévision Al-Jazira, avait affirmé vouloir venger la mort de l'ex-chef des talibans pakistanais, Baitullah Mehsud, en août 2009, et faire payer les renseignements jordanien et américain.

Sept Américains travaillant pour la CIA et un officier jordanien ont péri dans l'attaque.

Le groupe des TTP sont les maîtres d'oeuvre d'une vague d'attentats qui a fait plus de 3 500 morts au Pakistan en trois ans. Parmi ces attentats figurerait l'assassinat de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto en 2007, et une attaque-suicide contre le consulat américain à Peshawar, qui a tué six Pakistanais en avril.

Ils sont également considérés comme étant à l'origine de l'attentat raté du 1er mai à Times Square, le coeur touristique de New York. Le surlendemain, Hakimullah Mehsud était apparu dans un message vidéo avertissant les États-Unis de nouveaux attentats.

Les États-Unis ont aussi promis une prime de 5 millions de dollars pour l'arrestation de Wali Ur Rehman, présenté comme un ancien rival de M. Mehsud devenu son principal lieutenant.

M. Rehman, originaire comme son chef du Sud-Waziristan, serait le chef des TTP dans cette région frontalière de l'Afghanistan.

Les États-Unis sont persuadés que c'est là que se cache la haute hiérarchie du mouvement islamiste armé Al-Qaïda, à commencer par son chef Oussama ben Laden.

«Le TTP et Al-Qaïda sont en symbiose», a affirmé mercredi Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine: «Le TTP est dirigé idéologiquement par Al-Qaïda, qui compte aussi sur le TTP pour obtenir des cachettes sûres en zone pachtoune, le long de la frontière afghano-pakistanaise».

Pour resserrer encore l'étau, la secrétaire d'État Hillary Clinton a annoncé dans la matinée avoir placé les talibans pakistanais sur la liste noire américaine des organisations terroristes internationales.

Cette inscription implique que tous les avoirs éventuels de l'organisation aux États-Unis seront gelés. Elle interdit aux citoyens américains de financer le groupe, et ses membres se voient interdire l'entrée sur le territoire américain.

La liste noire des États-Unis comprend entre autres le mouvement pakistanais Lashkar-e-Taiba, accusé d'avoir conçu les attentats sanglants de 2008 à Bombay, ainsi que le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, l'IRA irlandaise ou les Tigres tamouls sri-lankais.

«Les décisions d'aujourd'hui informent le TTP et ses sympathisants que les États-Unis ne toléreront pas de soutien à cette organisation», a insisté Daniel Benjamin, le coordinateur antiterroriste du département d'État.