Les troupes américaines ont officiellement achevé mardi leur mission de combat en Irak à la date fixée par le président Barack Obama, qui se refusait toutefois à crier victoire, même si Bagdad s'est dit prêt à assurer la relève.

Sept ans après l'invasion de l'Irak, à laquelle il s'était opposé, M. Obama devait s'adresser dans la soirée à ses compatriotes depuis le cadre solennel du Bureau ovale de la Maison-Blanche (écoutez en direct dès 19h50 sur cyberpresse.ca ). Il a téléphoné dans la journée à son prédécesseur George W. Bush, qui avait lancé son pays dans la guerre en 2003.

«Je vais prononcer un discours à la nation ce soir. Ce ne sera pas un tour d'honneur, ce ne sera pas de l'autocongratulation. Nous avons encore beaucoup de travail pour faire en sorte que l'Irak soit un vrai partenaire», a prévenu M. Obama, en rencontrant dans la journée des anciens d'Irak à la base militaire de Fort Bliss (Texas).

Les effectifs de l'armée américaine en Irak sont passés sous la barre symbolique des 50.000 soldats. À partir de mercredi 1er septembre, ils seront chargés «de conseiller et d'aider» l'armée irakienne. Selon le calendrier énoncé par M. Obama après sa prise de fonctions, ils devront être partis à la fin 2011.

À Bagdad, le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a estimé que l'Irak était désormais «un pays souverain et indépendant» et a assuré que son armée était capable d'assurer la sécurité, dans un État qui reste cependant en proie à la violence et à l'instabilité politique.

«C'est un jour qui restera dans les mémoires de tous les Irakiens», a assuré M. Maliki dans une intervention télévisée. «Malheureusement, nous sommes confrontés à une campagne de scepticisme et nous sommes sûrs que son objectif est d'empêcher le retrait» des troupes américaines, a-t-il regretté.

L'optimisme de M. Maliki a été quelque peu entamé par son ministre de la Défense, Abdel Qader al-Obeidi, qui a estimé à la télévision qu'en 2012, soit après le retrait complet des Américains, les forces irakiennes ne seraient capables d'assurer la sécurité qu'à «95%».

Alors que l'Irak n'a toujours pas de gouvernement près de six mois après des législatives, le conseiller adjoint de M. Obama pour la sécurité nationale, Ben Rhodes, a appelé les dirigeants irakiens à «progresser avec un sentiment d'urgence pour former un gouvernement».

Le vice-président américain Joe Biden, qui s'est entretenu à Bagdad avec M. Maliki, a tenu de son côté à minorer la gravité de la situation sur le terrain: «Nonobstant ce que la presse nationale dit sur la hausse des violences, les choses sont très différentes», a-t-il estimé, jugeant la situation «beaucoup plus sûre».

L'armée américaine organisera mercredi, en présence de M. Biden, une cérémonie marquant le début de sa nouvelle opération en Irak, dite «Aube nouvelle» («New Dawn»), qui sera axée sur l'entraînement de l'armée et de la police irakiennes.

Après plusieurs mois de retrait graduel, le contingent américain en Irak est actuellement de 49.700 hommes, contre 170.000 au plus fort des violences confessionnelles de 2007. Un peu plus de 4.400 militaires américains ont péri en Irak depuis 2003.

Aucune manifestation de joie n'était visible dans les rues irakiennes.

«Aujourd'hui, ce n'est pas un tournant. J'étais au café avec des amis hier et personne n'en parlait», a déclaré Yasser al-Moussaoui, un informaticien de Bagdad âgé de 32 ans. «Cela intéresse davantage les Américains.»