La quiétude des pelouses du Garden Resort offre un oasis haut de gamme dans une bande de Gaza déshéritée...

Et une nouvelle source de revenu pour une association caritative proche du Hamas, qui en est le propriétaire.

Ce club balnéaire, une des entreprises commerciales récemment lancées par des groupes ou des particuliers liés au Hamas, illustre la mainmise croissante du mouvement islamiste sur l'économie du territoire palestinien.

Le Garden Resort, un investissement d'un million d'euros, est géré par la Fondation islamique, une organisation caritative du Hamas qui avait jusqu'à présent vocation à aider les familles dans le besoin et les orphelins.

Environ 2.000 Gazaouis fréquentent chaque week-end le club, pour un droit d'entrée de 6 euros par famille.

«Ce genre d'entreprise fournit un service aux habitants et allège le fardeau de l'occupation (israélienne) et de la guerre. Cela encourage aussi la croissance. Mais notre priorité va aux habitants, non aux investissements», explique Abdelrahim Shihab, le président de la Fondation.

Israël a instauré un blocus de la bande de Gaza en 2006, ce qui provoqué une explosion du chômage qui touche 40% de la population. La frontière égyptienne a également été bouclée jusqu'à récemment.

Mais ces sanctions ont eu un impact limité sur le Hamas au pouvoir, qui prélève des taxes sur les marchandises transitant par des centaines de tunnels reliant le sud de l'enclave à l'Egypte.

Le gouvernement du Hamas parvient ainsi à régler les salaires de 20.000 fonctionnaires et membres des services de sécurité.

En début d'année, il a adopté un budget de 377 millions d'euros, dont 90% des recettes provenant de l'aide étrangère. L'Iran et diverses associations caritatives islamiques apportent, via des circuits souvent secrets, une aide au Hamas, mouvement considéré comme terroriste par plusieurs pays occidentaux.

«L'économie à Gaza a prospéré malgré le siège israélien», se félicite le ministre de l'Economie du Hamas Ziad al-Zaza, qui assure que c'est «d'abord pour le bénéfice des citoyens».

La Fondation islamique a lancé au total huit projets, dont des boulangeries et un supermarché, grâce à son budget de 7 millions d'euros l'an dernier, précise son directeur.

«La moitié des revenus servent à financer d'autres projets au service du peuple», ajoute Abdelrahim Shihab.

Le Hamas ne serait pas étranger au nouveau centre commercial qui s'est ouvert cette semaine à Gaza-ville.

Le patron du «Gaza Mall», Siraj Abou Sélim, dément que le Hamas soit impliqué dans cette opération de 2,3 M euros, tout en refusant de dévoiler les nom des principaux investisseurs.

Le ministre Ziad al-Zaza souligne, lui, que le gouvernement du Hamas a encouragé le lancement d'initiatives commerciales sans pour autant apporter de capitaux.

En revanche, les autorités ont joué un rôle actif dans d'autres opérations, comme le village touristique de Bisan (1,2 M euros), dans le nord du territoire.

Ce site englobe des jardins, des aires de jeu, des terrains de foot, une ferme des animaux et des restaurants. Construit sur le domaine public, il attire 6.000 visiteurs chaque semaine.

Bien que presque tous les matériaux de construction doivent être acheminés par les tunnels de contrebande, une piscine --de taille olympique-- y est en cours de construction.

Tous ces lieux de villégiature sont devenus populaires, mais nombre de Palestiniens se demandent comment le Hamas peut financer de tels projets alors que des milliers de Gazaouis dont les maisons ont été détruites ou endommagées par l'armée israélienne attendent d'être secourus.

Pour Abou Kamal, 53 ans, qui a vu son logement rasé durant l'offensive israélienne de décembre 2008, «la priorité devrait être accordée à la reconstruction des maisons».