Il y a eu de grands sourires, des attentions délicates et des blagues polies. Mais loin des caméras, des nuages noirs ont survolé la première visite à la Maison-Blanche, mardi, du nouveau premier ministre britannique David Cameron.

La colère croissante des Américains contre le géant pétrolier BP, une dispute au sujet de la libération du Libyen condamné pour les attentats de Lockerbie et des différences marquées quant à la meilleure façon de relancer l'économie ont progressivement affaibli la relation «spéciale» entre les deux pays.

Les deux dirigeants semblent avoir développé une relation personnelle plus chaleureuse que celle qui existait entre M. Obama et le prédécesseur de M. Cameron, Gordon Brown. Mais ils font face à une différence philosophique fondamentale: si M. Cameron est favorable à l'austérité économique, M. Obama, lui, préfère adopter des mesures de stimulation économique énergiques.

Depuis que sa coalition a pris le pouvoir au mois de mai, M. Cameron a mené un important revirement de la politique économique britannique, effectuant d'importantes coupes dans les dépenses publiques afin de débarrasser le pays de sa dette nationale record.

M. Obama, tout comme son collègue de centre-gauche Gordon Brown, se méfie de la perte de vitesse des fragiles signes de reprise économique, et espérait que ses alliés internationaux appuieraient ses mesures de relance économique comme le meilleur moyen de remédier à la crise financière.

David Cameron est par ailleurs arrivé mardi à Washington avec une défense pour le géant pétrolier BP, faisant valoir que l'entreprise gère la marée noire dans le golfe du Mexique du mieux qu'elle peut.

M. Cameron a rapidement mis l'accent sur le fait que près de la moitié des actionnaires de BP, et des centaines de membres de son personnel, sont américains, estimant que le blâme ne devait pas être attribué seulement à la Grande-Bretagne.

Au sujet de la libération controversée du Libyen Abdel Baset al-Megrahi, Londres a rejeté les prétentions voulant que BP aurait fait pression sur certains élus pour le faire libérer afin d'obtenir un important contrat pétrolier en Libye.

M. Cameron a affirmé que M. Obama et lui étaient d'accord pour dire que la décision de libérer le Libyen, prise par les autorités écossaises plutôt que par le gouvernement de Gordon Brown, était erronée et mal avisée, mais il a rejeté l'appel à une enquête de la secrétaire d'État Hillary Clinton.

«Je n'ai pas besoin d'une enquête pour me dire que c'était une mauvaise décision», a dit M. Cameron.

La candeur de David Cameron en a surpris certains, qui se souviennent de l'époque pas très lointaine où le premier ministre britannique Tony Blair était surnommé le «caniche» de George W. Bush.