Le physicien nucléaire iranien Shahram Amiri, «enlevé» selon Téhéran par les services de renseignements américains, se trouve aux Etats-Unis «de son plein gré (...) depuis un certain temps» et est «libre de partir», a affirmé mardi le département d'Etat américain.

Le physicien a affirmé mardi s'être réfugié au bureau des intérêts iraniens à Washington, et estimé que les Etats-Unis étaient les grands «perdants» dans cette histoire.

«Depuis le jour où mes déclarations ont été mises sur internet, les Américains ont réalisé qu'ils étaient les perdants dans cette affaire», a déclaré par téléphone M. Amiri à la télévision d'Etat iranienne.

Il a affirmé que durant les 14 derniers mois, il avait été «sous une pression psychologique importante et gardé par des hommes armés».

Il n'a pas précisé le lieu de sa détention ni comment il avait pu se rendre au bureau des intérêts iraniens, dans lequel il s'est dit «réjoui» de se trouver.

«Il est aux Etats-Unis de son plein gré et est bien sûr libre de partir», a  affirmé de son côté mardi le porte-parole du département d'Etat américain Philip Crowley. Il a ajouté sans plus de précision que le physicien était resté aux Etats-Unis «un certain temps», et avait informé les Etats-Unis de sa volonté de quitter le pays.

«Le gouvernement des Etats-Unis a maintenu le contact» avec M. Amiri a encore dit le porte-parole sans toutefois indiquer s'il avait livré des informations sur le programme nucléaire iranien. M. Crowley a décliné tout commentaire sur la façon dont le scientifique s'était retrouvé aux Etats-Unis, tout comme le porte-parole de la Maison Blanche.

Robert Gibbs a aussi expliqué que M. Amiri «est libre de partir. Nous ne le retenons pas, il ne fait partie d'aucun échange».

Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, a souligné de son côté le «contraste» entre la situation de Shahram Amiri et celle des trois randonneurs américains détenus depuis un an en Iran. M. Amiri «est libre de partir et était libre de venir» aux Etats-Unis, a-t-elle déclaré. «Par contraste, l'Iran continue de retenir trois jeunes Américains contre leur volonté», a-t-elle poursuivi.

«Après la publication de mes propos sur internet et le déshonneur des Etats-Unis, ils voulaient me renvoyer en Iran sans faire de bruit, via une compagnie aérienne étrangère, pour pouvoir nier toute l'affaire», a ajouté M. Amiri.

Il a également émis l'espoir de «pouvoir retourner le plus rapidement possible au pays».

Depuis la rupture des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l'Iran il y a 30 ans, c'est l'ambassade du Pakistan qui héberge le bureau des intérêts iraniens à Washington, devant lequel se trouvaient mardi une poignée de journalistes et des véhicules des services de renseignement américains.

En visite à Madrid, le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a déclaré que son pays espérait «le retour sans aucun obstacle» de Shahram Amiri.

Shahram Amiri a disparu en juin 2009 en Arabie saoudite, où il se rendait en pèlerinage. Téhéran affirme qu'il a été enlevé par les Etats-Unis avec l'aide des services de renseignement saoudiens.

Fin mars, la chaîne américaine ABC a affirmé que M. Amiri, présenté comme un physicien nucléaire, avait fait défection et collaborait avec la CIA.

Selon les médias iraniens, Amiri est un «chercheur en radio-isotopes médicaux à l'université Malek Ashtar», qui dépend des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite et idéologique du régime islamique.

Le 7 juin, la télévision d'Etat iranienne avait diffusé une vidéo dans laquelle un homme se présentant comme M. Amiri affirmait avoir été enlevé par les services secrets américains et être détenu près de Tucson (Arizona).

Les Etats-Unis ont démenti avoir enlevé le physicien.

Fin juin, une autre vidéo diffusée par les médias iraniens montrait le même homme qui affirmait s'être échappé des mains des agents américains et se trouver en Virginie.