Les chasses présidentielles françaises, survivance de la monarchie, vont être supprimées pour cause d'économies budgétaires, une mesure symbolique qui met fin à une longue tradition d'offrir aux invités des chefs d'État français le plaisir de l'art cynégétique.

Chasse aux faisans, battues de sangliers ou de cerfs, les invités de marque du palais de l'Elysée intéressés pouvaient profiter des grands domaines de chasse de l'État français, situés notamment dans les forêts de Marly et Rambouillet, à quelques dizaines de kilomètres de Paris, et dans le domaine de Chambord (centre).

C'était aussi un moyen pour les dirigeants français de rendre à leurs homologues africains les invitations qu'ils leur avaient accordées pour des safaris en pleine savane. Les noms des participants à ces parties de chasse sont toujours restés confidentiels.

Peu intéressé par la chasse contrairement à certains de ses prédécesseurs, en particulier Valéry Giscard d'Estaing, le président Nicolas Sarkozy s'était laissé convaincre, à son arrivée au pouvoir en 2007, de les conserver mais n'a pas hésité à les inclure lundi, dans la liste des économies imposées au «train de vie de l'État».

La responsabilité des chasses présidentielles a toujours été confiée par les chefs d'État français à un homme de confiance, en raison de l'importance des contacts qui pouvaient se nouer à l'occasion de ses parties de campagne entre gens importants.

M. Sarkozy les a confiées à Pierre Charon, son proche conseiller en matière de communication.

Les chasses de prestige deviendront désormais de simples lieux de régulation du gibier, dépendant du ministère de l'Agriculture.

Toutefois vont-elles disparaître totalement ? «Jusque là, malgré chaque tentative de les supprimer, des chasses discrètes ont toujours survécu», estimait mardi le journal Le Monde, qui précise que beaucoup de chefs d'entreprises, amis du président Sarkozy, en profitaient.

Certains des domaines ont déjà changé de statut en 1995. Il en est ainsi de Rambouillet, à proximité d'un château présidentiel, où le colonel libyen Mouammar Kadhafi se livra pourtant en décembre 2007 à une spectaculaire partie de chasse au faisan.

Il fut le dernier chef d'État étranger connu à participer à une telle chasse privée en France. Ce privilège concluait une visite en France très controversée.