La justice belge a à nouveau reporté l'examen d'une plainte pour racisme contre les éditeurs de Tintin au Congo, en exigeant d'abord le dépôt d'une caution de 15 000 euros à l'un des plaignants, domicilié en République démocratique du Congo (RDC).

Le tribunal de première instance de Bruxelles avait été saisi par deux ressortissants congolais d'une plainte visant la célèbre BD d'Hergé, porteuse selon eux de clichés racistes et offensants à l'égard des Africains.

Le premier, Bienvenu Mbutu Mondondo, un citoyen congolais résidant en Belgique, «demande que l'album soit retiré de la vente ou à défaut qu'un avertissement y soit inséré». Le second, Yves Okota, qui vit à Kinshasa, réclame seulement l'ajout d'une mise en garde expliquant le contexte de l'époque.

Fin mai, les avocats des éditions Casterman et de Moulinsart SA, société exploitant les droits dérivés, ont réclamé que les deux hommes déposent une caution, au cas où ils seraient condamnés à payer des dommages.

Ils avaient également demandé au tribunal de se déclarer incompétent, l'affaire étant selon eux du ressort du tribunal de commerce.

Lundi, le tribunal a réclamé une caution à M. Okota, lui donnant deux mois pour s'acquitter de la somme. En revanche, il n'a pas demandé de caution à M. Mondondo, ont expliqué les avocats des différentes parties.

Le tribunal ne s'est par ailleurs pas prononcé sur sa compétence.

Les avocats divergent sur la suite de la procédure. Pour Me Ahmed L'Hedim, l'avocat de Bienvenu Mbutu, l'absence de caution réclamée à son client est une «première victoire» qui lui permettra de demander la fixation rapide d'une audience devant le tribunal de première instance pour examiner le fond.

En revanche, pour Me Sandrine Carneroli, avocate de Casterman et de Moulinsart, le tribunal est «forcé d'attendre le dépôt de la caution de M. Okota» avant de, seulement, se prononcer sur sa compétence, probablement pas avant septembre.

Les choses pourraient cependant aller plus vite car M. Okota, qui s'était dit prêt à payer cette caution, «pourrait se retirer» du dossier, vu la tournure politique prise par l'affaire, a expliqué lundi son avocat, Me Jean-Claude Ndjakanyi.