Lâché par ses alliés russe et chinois qui ont rejoint les Occidentaux pour lui imposer de nouvelles sanctions, l'Iran semblait balancer jeudi entre l'affrontement et la conciliation avec la communauté internationale, sans renoncer à sa politique nucléaire.

Exprimant la colère de Téhéran après l'adoption d'un quatrième train de sanctions mercredi par le Conseil de sécurité de l'ONU, le président Mahmoud Ahmadinejad a annoncé que l'Iran allait ignorer la nouvelle résolution comme il l'avait fait pour les précédentes.

Ces résolutions, «bonnes pour la poubelle», ne «sont pas capables d'atteindre les Iraniens», a-t-il affirmé.

Et Téhéran a annoncé immédiatement qu'il poursuivrait l'enrichissement d'uranium, principal sujet de conflit avec la communauté internationale inquiète du programme nucléaire iranien.

Les dirigeants iraniens semblaient en revanche hésiter sur la réponse à donner à l'offre de dialogue faite par les grandes puissances en même temps qu'elles votaient les sanctions.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, a affirmé jeudi que Téhéran rejetait cette «double approche» qualifiée d'«erreur».

Le président Ahmadinejad avait averti lundi que l'Iran cesserait de discuter de son programme nucléaire avec la communauté internationale s'il était sanctionné: «l'administration américaine et ses alliés se trompent s'ils pensent qu'ils peuvent brandir le bâton d'une résolution et ensuite s'asseoir pour discuter avec nous. Une telle chose ne se produira pas».

Le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki s'est toutefois montré plus prudent, en indiquant jeudi à la chaîne de télévision France 24 que l'Iran «réfléchissait» aux suites à donner au vote de l'ONU.

Le chef du programme nucléaire iranien Ali Akbar Salehi a laissé entendre de son côté que le dialogue pourrait se poursuivre avec les grandes puissances et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur la proposition faite le 17 mai par Téhéran d'un échange de combustible nucléaire sous le parrainage de la Turquie et du Brésil. 

Téhéran va répondre aux «questions» posées mercredi par le groupe de Vienne (États-Unis, Russie, France et AIEA) sur cette proposition, a-t-il indiqué en jugeant «positive» l'existence de cet échange.

«Il est trop tôt pour savoir quelle voie les dirigeants iraniens vont choisir, entre confrontation et conciliation», estimait jeudi un diplomate à Téhéran.

«L'Iran a reçu un camouflet diplomatique et pourrait se réfugier dans la surenchère, comme il l'a fait dans le passé», selon ce diplomate. «Mais le Brésil et la Turquie, qui ont voté contre les sanctions, vont faire pression pour la poursuite du dialogue. Et Téhéran pourrait vouloir ménager ces deux alliés après avoir été lâché par la Chine et la Russie».

Les relations avec la Russie, qui a annoncé jeudi le gel de la livraison de missiles S-300 à l'Iran, semblent durablement dégradées. Mais la Chine, premier partenaire économique de l'Iran, conserve assez d'influence pour inciter Téhéran à ne pas rompre avec la communauté internationale, estiment plusieurs diplomates.

Pékin, dont le vote a été très mal pris par l'Iran, a souligné la «grande importance» de ses liens avec Téhéran, alors que le président Ahmadinejad était attendu à Shanghai pour la «journée de l'Iran» à l'Exposition universelle.

La Chine estime nécessaire la poursuite «du dialogue, des négociations et autres moyens diplomatiques pour trouver une solution susceptible de répondre aux préoccupations de toutes les parties», a rappelé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.