Un Néerlandais de 22 ans a avoué être l'auteur du meurtre d'une Péruvienne fin mai à Lima, fait divers à l'écho international démultiplié, aux Etats-Unis surtout, par son possible impact sur la disparition jamais élucidée en 2005 d'une Américaine, dont il fut le principal suspect.

Joran van der Sloot a craqué au bout de 48 heures. Le jeune Néerlandais, dont le cheveu ras et la silhouette athlétique font la une des journaux depuis son arrestation jeudi, a avoué être l'auteur du meurtre qui fascine les médias péruviens.

Selon des sources policières et des extraits de procès-verbal cités mardi en détails dans les médias, il a reconnu, devant un magistrat et un avocat, avoir roué de coups dimanche Stephany Flores, une femme de 21 ans qui l'avait suivi dans sa chambre d'hôtel, après une soirée poker.

Il a avoué car «il ne pouvait contester les preuves accablantes», a indiqué à l'AFP Abel Gamarra, directeur d'information à la police. «C'est difficile pour une personne de maintenir qu'elle est innocente quand les preuves l'incriminent"

Une reconstitution devait avoir lieu mercredi matin à l'hôtel, dans le quartier touristique de Miraflores.

L'origine de la victime, fille d'un entrepreneur connu, une chasse à l'homme de 36 heures jusqu'au Chili voisin, le fait que le meurtrier présumé soit un «gringo» (étranger blanc) et l'écho international: pour la presse péruvienne, c'est un fait divers hors norme.

En outre, Van der Sloot avait été le suspect numéro un dans la disparition d'une étudiante américaine de 21 ans, Natalee Holloway, en mai 2005 sur l'île d'Aruba, dans les Antilles néerlandaises.

Van der Sloot fut placé en détention préventive durant l'enquête, puis libéré faute de preuves. Le corps de Holloway n'a jamais été retrouvé, malgré une campagne médiatique des parents, une promesse de récompense et l'aide de volontaires, à Aruba.

L'affaire ressurgit en 2008 avec une vidéo, réalisée par un journaliste à l'insu de Van der Sloot. Il y racontait comment un ami l'avait aidé à faire disparaître le corps de Natalee Holloway en mer. Selon lui, la jeune femme, après avoir consommé de l'alcool et de la drogue, avait été prise sur la plage de convulsions qui lui furent fatales.

Van der Sloot se rétracta ensuite, disant avoir parlé sous l'empire de la marijuana et s'être joué de son intervieweur. La justice ne donna pas suite et le Néerlandais écrivit sa propre version dans un livre, qui fut aussi la base d'un documentaire.

Le père de l'Américaine, Dave Holloway, a indiqué à la chaîne ABC mardi que des recherches étaient prêtes à reprendre à Aruba, à la moindre information émanant de Lima sur l'affaire Natalee.

«Il a avoué celui-ci (meurtre), et j'aimerais qu'il dise à tout le monde ce qui s'est passé», a-t-il déclaré. «Après tant de douleur et de souffrances, j'espère cette fois que justice sera faite».

«Psychopathe», «tueur en série»: la presse de Lima semble avoir déjà tranché sur le passé de Van der Sloot. Mais police et justice au Pérou n'ont fait état d'aucune demande d'extradition ou d'information émanant de l'étranger sur le cas Holloway.

Les aveux du suspect suggèrent toutefois la place centrale de l'affaire dans son esprit: il a dit avoir roué de coups Stephany dans un accès de rage, après qu'elle eut consulté son ordinateur portable, accédant à ses archives personnelles sur le cas Holloway.

«Je ne voulais pas le faire. Mais la fille s'est immiscée dans ma vie privée. Elle n'avait pas le droit», a-t-il déclaré, selon les extraits de la déposition cités dans le quotidien La Republica.