Les cérémonies de béatification du prêtre polonais Jerzy Popieluszko, aumônier du syndicat Solidarité assassiné il y a 25 ans par la police du régime communiste, se sont ouvertes dimanche à Varsovie avec une grand-messe devant près de 150 000 fidèles, selon la police.

«C'est un grand jour pour l'Église de Pologne et pour notre patrie toute entière», a déclaré l'archevêque de Varsovie Kazimierz Nycz au début de l'office, retransmis à la télévision et cocélébré par une centaine d'évêques autour de Mgr Angelo Amato, envoyé spécial du pape Benoît XVI.

Le pape a rendu hommage au père Popieluszko dimanche à Chypre, en l'«heureuse occasion» de sa béatification, soulignant que «son service passionné et son martyr sont un signe spécial de la victoire du bien sur le mal».

«Puisse son exemple et son intercession nourrir le zèle des prêtres et enflammer d'amour les croyants», a-t-il dit, en polonais, à l'issue d'une messe célébrée dans un centre des sports à la périphérie de Nicosie.

Mgr Amato a lu à Varsovie le décret du pape attribuant le titre de bienheureux «à Jerzy Popieluszko, prêtre et martyr, qui a vaincu le mal par le bien».

Cette devise chrétienne, chère au père Popieluszko, figurait en haut de l'autel sur l'immense place Pilsudski de Varsovie, à l'endroit même où le pape polonais Jean Paul II avait célébré en 1979 un messe mémorable lors de sa première visite pastorale en Pologne communiste.

«Le père Jerzy était un héros. Il a risqué sa vie, mais il n'avait pas peur de la mort. Il n'a pas arrêté de dénoncer les vices du régime», a déclaré à l'AFP Anna Zwierzynska, 58 ans, venue assister à la messe.

La mère centenaire du prêtre béatifié, Marianna Popieluszko, longtemps applaudie par la foule, était présente à l'office, ainsi que plusieurs hauts responsables polonais dont le premier ministre Donald Tusk et la maire de Varsovie, Mme Hanna Gronkiewicz-Waltz.

À l'issue de la messe, des reliques du prêtre devaient être portées en cortège à travers Varsovie pour être déposées au «Temple de la Providence Divine», une imposante église en construction dans le quartier de Wilanow, à 12 km de la place Pilsudski.

Le procès en béatification du prêtre martyr polonais a débuté en 2001. Le pape a approuvé le 19 décembre sa béatification, dernière étape avant la canonisation.

Étant donné que le prêtre est un martyr, un miracle n'est pas requis pour qu'il soit béatifié et devienne bienheureux. En revanche, pour être canonisé et devenir saint, un miracle devra lui être attribué par la congrégation pour la cause des saints qui instruit ces dossiers au Vatican.

Assassiné à 37 ans, le père Popieluszko symbolise aux yeux des Polonais la lutte commune de l'opposition démocratique et de l'Eglise catholique contre un régime totalitaire. Il fut aumônier du syndicat Solidarité de Lech Walesa et vicaire à la paroisse Saint-Stanislas de Varsovie.

Ses «messes pour la patrie», célébrées après le coup de force du général Wojciech Jaruzelski contre Solidarité en décembre 1981, rassemblaient des milliers de fidèles, suscitant la colère du pouvoir communiste.

L'écclésiastique fut enlevé par trois officiers de la police politique (SB) le 19 octobre 1984, après avoir célébré à Bydgoszcz, dans le centre de la Pologne, sa dernière messe. Ses ravisseurs l'ont torturé à mort avant de le jeter dans les eaux de la Vistule, à 120 km au nord de Varsovie.

Son enlèvement et son assassinat ont débouché sur un procès retentissant de trois policiers, auteurs directs du crime, condamnés en 1985 à de lourdes peines de prison. Mais leurs commanditaires n'ont jamais été identifiés formellement.