Le réputé écrivain britannique Salman Rushdie assure ne plus se laisser perturber, dans sa vie quotidienne, par la condamnation à mort que lui avait imposée un ancien leader iranien, décédé depuis, bien que la controverse subsiste.

Rushdie a donné son opinion sur la fatwa lors de son passage à Toronto, où il faisait équipe avec Eli Wiesel, lauréat du prix Nobel de la paix, pour discuter de liberté d'expression et de droits de la personne.

Selon Rushdie, ça fait déjà plus de dix ans qu'il ne sent plus inquiété, bien que le sujet refasse surface de temps à autre.

Ce fut le cas récemment lorsqu'un député du Parlement australien a demandé que l'on interdise l'entrée au pays du populaire musicien Yusuf Islam, auparavant connu sous le nom de Cat Stevens, qui effectue un retour à la scène.

Islam a approuvé la fatwa, décrétée par l'ayatollah Khomeini à la suite de la parution, en 1988, du roman Les versets sataniques que plusieurs musulmans ont qualifié de blasphématoire.

Le politicien australien soutient que le musicien ne mérite pas qu'on lui accorde un visa tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas retiré son soutien à l'endroit du décret datant de 1989. Mais Islam affirme aujourd'hui qu'il exprimait la perception des musulmans plutôt que la sienne.

Rushdie croit que le gouvernement australien devrait permettre au musicien d'entrer au pays. Au passage, cependant, il déplore que Islam se soit prononcé de façon «très déplaisante» et «ouvertement» en faveur de cette condamnation, qui a forcé l'auteur à se cacher pendant de nombreuses années.

Rushdie a notamment confié qu'il avait été un fan de Cat Stevens, au moment de ses études collégiales, mais il admet aujourd'hui que ce n'est plus le cas. Il a ajouté que Islam avait le droit de prétendre qu'il n'a pas appuyé la fatwa, sauf que les faits demeurent les faits, a noté l'auteur.