Les mères des trois randonneurs américains détenus depuis dix mois en Iran sous l'accusation d'espionnage vont quitter Téhéran vendredi soir sans pouvoir emmener leurs enfants, a indiqué à l'AFP leur avocat, Me Masoud Shafii.

«Je suis avec les mères, et nous sommes en route pour l'aéroport sans les enfants», a indiqué M. Shafii. «Elles quittent Téhéran ce soir», a-t-il ajouté.

Shane Bauer, 27 ans, Sarah Shourd, 31 ans et Josh Fattal, 27 ans, ont été arrêtés le 31 juillet 2009 en territoire iranien à proximité de la frontière irakienne qu'ils auraient franchie par erreur après s'être égarés lors d'une randonnée au Kurdistan irakien.

Les trois jeunes Américains ont pu voir leurs mères à deux reprises pendant plusieurs heures, jeudi et vendredi, dans un grand hôtel de Téhéran.

Lors des retrouvailles avec leurs enfants jeudi matin, pour la première fois depuis leur arrestation, les trois mères avaient imploré les autorités iraniennes de les libérer dans un «geste humanitaire».

Les trois randonneurs américains ont été accusés à diverses reprises par des responsables iraniens d'entrée illégale en Iran et d'espionnage.

Washington, qui a toujours démenti l'accusation d'espionnage et réclame leur libération, a jugé «positive» la visite effectuée par les mères, à qui les autorités iraniennes avaient accordé, après plusieurs mois d'attente, un visa pour «raisons humanitaires».

«Nous pensons qu'à ce stade, l'Iran pourrait faire un geste motivé par des raisons humanitaires. Nous espérons voir la libération de ces trois personnes», avait déclaré jeudi Philip Crowley, porte-parole de la diplomatie américaine.

Me Masoud Shafii, qui n'a pas encore pu avoir accès au dossier des trois randonneurs, avait indiqué jeudi à l'AFP avoir été informé de source judiciaire qu'ils étaient accusés «d'entrée illégale dans le pays», mais qu'il n'avait «pas eu d'information sur une accusation d'espionnage».

Mercredi, le ministre iranien des Renseignements Heydar Moslehi avait toutefois réaffirmé que les Américains étaient des «espions». Il avait également de nouveau soulevé le cas des onze Iraniens que Téhéran accuse Washington de détenir illégalement après les avoir «enlevés» ou fait arrêter à l'étranger.

Vendredi, les mères des trois prisonniers américains ont rencontré celles de cinq Iraniens qui avaient été détenus pendant 30 mois par les forces américaines en Irak après avoir été arrêtés à Erbil en janvier 2007 dans le Kurdistan irakien, ont indiqué les médias iraniens. Selon Téhéran les cinq Iraniens étaient des agents du consulat d'Iran à Erbil, mais Washington a affirmé qu'il s'agissait de Gardiens de la révolution.

La visite des mères des détenus américains est intervenue alors que les relations entre l'Iran et les États-Unis traversent une nouvelle période de tension, Washington étant parvenu à faire examiner mardi par le Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution sur de nouvelles sanctions contre Téhéran pour sa politique nucléaire controversée.