Le président russe Dmitri Medvedev s'est montré peu optimiste vendredi sur les chances de son homologue brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, d'arracher à Téhéran un compromis sur le programme nucléaire iranien, alors qu'un échec de cette «mission» pourrait se traduire par de nouvelles sanctions.

Le locataire du Kremlin a fait ces remarques durant la visite à Moscou du président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, lors de laquelle les deux dirigeants ont aussi discuté de la réforme du système financier international et du renforcement de la coopération entre leurs deux économies émergentes.

«J'espère vraiment beaucoup que la mission du président du Brésil sera couronnée de succès. C'est peut-être la dernière chance avant l'adoption des mesures que l'on sait (des sanctions, ndlr) au Conseil de sécurité de l'ONU», a déclaré M. Medvedev, deux jours avant la visite de Lula à Téhéran.

Mais même s'il s'exprimait avec le sourire aux lèvres après une longue et optimiste déclaration du président brésilien, Dmitri Medvedev a indiqué qu'il ne croyait guère en un compromis.

«Vu que mon ami Lula est un optimiste, je vais aussi être optimiste: je lui donne 30% de chances», a-t-il déclaré, lors d'une conférence de presse.

«J'étais optimiste hier, je suis plus optimiste aujourd'hui et peut-être que je serai encore plus optimiste demain et je veux être encore plus optimiste après avoir rencontré (le président iranien Mahmoud) Ahmadinejad», avait insisté quelques minutes plus tôt le président brésilien.

La Russie, soutien traditionnel de l'Iran, se montre de plus en plus agacée par le comportement de Téhéran et n'exclut plus l'adoption de sanctions, réclamées par l'Occident qui soupçonne l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de nucléaire civil.

M. Lula, qui lui ne veut pas de mesures punitives, espère convaincre ses interlocuteurs iraniens de faire un geste pour permettre l'émergence d'une solution négociée. Il rencontrera le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la révolution islamique.

Les pourparlers internationaux achoppent sur les conditions de l'enrichissement à 20% de l'uranium iranien à l'étranger sous la houlette de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Les présidents russe et brésilien, partenaires au sein du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) qui réunit les principales économies émergentes, ont également insisté une nouvelle fois sur la refonte du système financier international, fragilisé par la crise mondiale.

Ils ont notamment décidé de la création d'un groupe de travail sur l'usage de leurs monnaies nationales dans leurs échanges, à la place de devises étrangères.

«La crise financière n'est pas finie, des informations inquiétantes nous parviennent, notamment d'Europe (...) l'usage de nos monnaies nationales est très important pour la stabilité financière. Ni le dollar, ni l'euro, aucune monnaie ne peut être internationale et protéger l'ensemble des pays», a noté M. Medvedev.

Lula a lui jugé que les problèmes dans la zone euro en raison de la Grèce prouvait le manque de régulation du système financier et combien un recours accru aux monnaies nationales serait «positif pour les relations économiques» avec la Russie.

À l'issue de la visite, le Brésil et la Russie ont signé plusieurs accords, dont une feuille de route pour le développement de leur «partenariat stratégique», un accord sur la propriété intellectuelle et un autre sur leur coopération scientifique.

Les deux pays visent des échanges commerciaux annuels à hauteur de 10 milliards de dollars. Ces derniers avaient été portés à 6,8 milliards de dollars en 2008 avant de s'écrouler avec la crise à 4,6 milliards en 2009.