Près d'un an après l'accident du Rio-Paris d'Air France, les boîtes noires de l'appareil ont enfin pu être localisées dans une zone de cinq kilomètres de rayon dans l'Atlantique, relançant l'espoir d'élucider les causes de la catastrophe qui a fait 228 morts.

Les spécialistes de la Marine nationale française «ont pu déterminer une zone avec une incertitude de 3 milles nautiques», soit 5 km de rayon, a déclaré le général Christian Baptiste, porte-parole adjoint du ministère de la Défense.

«Cela ne signifie pas que l'on va retrouver les boîtes noires parce qu'elles n'émettent plus et que la zone où elles se trouveraient est très accidentée», a-t-il cependant observé.

Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) français, en charge de l'enquête technique sur le crash, a indiqué qu'il dépêchait son navire vers cette zone, et que les enquêtes commenceraient dès vendredi.

L'Airbus A330 d'Air France qui assurait le vol AF447 Rio-Paris, avait disparu le 1er juin 2009 au-dessus de l'Atlantique.

Cette zone de recherches se situe à 200 milles nautiques (370 km) au nord-ouest de l'archipel brésilien de Saint-Pierre et Saint-Paul, une douzaine de minuscules îles et rochers situés à environ 950 km au nord-est de la ville brésilienne de Natal.

Selon une porte-parole du BEA, le ministère de la Défense a travaillé sur «des images recueillies lors de la première phase de recherches quand les enregistreurs de vol émettaient encore un signal (entre début juin et mi-juillet)».

Un sous-marin français avait participé à la première phase des recherches de l'épave et des boîtes noires. Le décryptage des images a été fait avec l'aide du groupe Thales, constructeur des sondes Pitot de mesure de vitesse, qui se sont avérées défectueuses sur l'AF447 et qui ont été à plusieurs reprises montrées du doigt dans cette catastrophe.

Les boîtes noires ou enregistreurs de vol qui contiennent les informations techniques et les dernières conversations de l'équipage dans le cockpit, sont déterminantes pour découvrir les causes d'un crash aérien. Elles émettent un signal pendant 30 à 42 jours.

«Nous avons trouvé trois contacts (sons, NDLR) correspondant au signal "balise" des boîtes noires en raison de la fréquence, de la durée d'impulsion, et de différents paramètres techniques. Ce sont des signaux caractéristiques des boîtes noires», a expliqué à l'AFP un porte-parole du groupe Thales.

Le BEA estime qu'il y a une chance le cas échéant de pouvoir exploiter les données de ces enregistreurs, s'appuyant sur plusieurs exemples de boîtes noires décryptées après plusieurs mois d'immersion.

Le Bureau d'enquêtes et d'analyses avait annoncé mardi la prolongation de la troisième phase de recherches jusqu'au 25 mai, soulignant que les boîtes noires constituaient «un élément capital de la poursuite de l'enquête» puisque selon lui le dysfonctionnement des sondes de vitesse de l'appareil n'est qu'«un des facteurs» du crash.

Le président d'une association regroupant les familles d'une soixantaine de victimes, Jean-Baptiste Audousset, a estimé que la localisation des boîtes noires était un signe «porteur d'espoir» pour «faire avancer la vérité».

L'avocat de la famille d'une hôtesse de l'air du vol AF447, Me Jean-Claude Giudicelli, a en revanche dénoncé «une fable judiciaire» vouée à «sauver les apparences car la responsabilité d'Air France est de plus en plus criante et avérée».

Selon lui, «la vérité ne se trouve pas au fond de l'eau mais elle est gravée dans la messagerie automatique des pannes», ces 24 messages automatiques d'anomalies envoyés par l'avion avant le crash et grâce auxquels «dès le départ on sait que ce sont les sondes Pitot qui sont responsables de l'accident».