L'Irak devrait encore être gouverné durant les quatre prochaines années par une coalition chiite composée des partisans du premier ministre Nouri al-Maliki et des partis proches de l'Iran, après leur accord pour former un seul groupe au Parlement.

Cependant, l'Alliance pour l'État de droit (AED) de M. Maliki et les chiites conservateurs de l'Alliance nationale irakienne (ANI) doivent se réunir mercredi pour régler le point le plus sensible: Qui sera le prochain chef du gouvernement?

Avec 159 députés, il manque encore quatre élus aux deux listes pour obtenir la majorité absolue au Parlement qui compte 325 sièges. Les dirigeants de l'Alliance kurde (43 sièges) ont fait savoir à plusieurs reprises qu'ils se joindraient à la grande coalition chiite.

«Un accord a été trouvé pour former le plus grand bloc parlementaire avec l'union entre l'État de droit et l'Alliance nationale irakienne. C'est un premier pas pour s'ouvrir ensuite à d'autres formations politiques», avait annoncé mardi soir Abdel Razak al-Kazami, un conseiller de l'ancien premier ministre Ibrahim Jaafari membre de l'ANI, lisant un communiqué.

«La chose la plus importante pour cette union est de former un gouvernement irakien et de mettre au point un programme gouvernemental avec la participation de tous et la nomination d'un premier ministre», avait-il ajouté devant les journalistes, au domicile de M. Jaafari.

Les représentants des deux listes doivent se retrouver mercredi pour déterminer la procédure de désignation du nouveau premier ministre.

«Des discussions se tiendront aujourd'hui (mercredi) pour déterminer les mécanismes afin de choisir notre candidat au poste de premier ministre, soit en le désignant par consensus ou par un vote au sein du groupe parlementaire», a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'AED, Hajem al-Hassani.

M. Maliki, dont la liste a obtenu 89 sièges, n'est toutefois pas sûr de conserver son portefeuille. L'ANI, qui regroupe le Conseil supérieur islamique d'Irak (CSII) dirigé par Ammar al-Hakim et les partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr et qui a recueilli 70 députés, lui voue une profonde animosité.

Elle lui fait grief d'avoir constitué sa propre liste pour les élections du 7 mars, face à ses anciens alliés chiites qui l'avaient pourtant choisi en 2006 comme premier ministre. Elle lui reproche aussi ses méthodes autoritaires de gouverner. Certains ministres du mouvement sadriste avaient de plus quitté le gouvernement en 2007 pour protester contre la politique de M. Maliki.

Cette nouvelle alliance prive empêche de facto l'ancien premier ministre laïc Iyad Allawi, de former un gouvernement. Sa liste, le Bloc Irakien, est arrivée en tête des législatives avec 91 sièges notamment grâce à un vote massif des sunnites en sa faveur.

La porte-parole du Bloc irakien a accusé sans le nommer l'Iran d'avoir été à la manoeuvre, estimant qu'il s'agissait d'une coalition confessionnelle.

«Constitutionnellement, c'est le droit de blocs de fusionner. Cependant, nous avons le sentiment que cette alliance vise le Bloc Irakien et notre projet national, et qu'elle a été mise au point par des puissances régionales», a déclaré à l'AFP Mayssoun al-Damalouji.

«C'est un retour en arrière et c'est une fusion à caractère confessionnel. Nous allons décider dans les prochains jours ce que nous allons faire», a-t-elle ajouté.

Cette nouvelle alliance chiite intervient au moment où la commission électorale a entamé un nouveau décompte des voix à Bagdad, à la demande de l'AED qui dénonce des fraudes. La commission doit aussi se prononcer sur l'invalidation de neuf élus soupçonnés de liens avec le parti Baas de Saddam Hussein.