Djennet Abdourakhmanova. Ce nom est synonyme d'infamie ces jours-ci en Russie depuis que l'adolescente de 17 ans du Daguestan s'est fait exploser dans la station de métro Park Kultury. Presqu'au même moment, une Tchétchène de 28 ans, Mariam Sharypova, l'imitait dans la station de métro Loubianka, mais c'est l'histoire de la jeune Djennet qui a retenu l'attention.

Quelques jours après l'attentat, une photo d'elle, en compagnie de son mari, Oumalat Magomedov - un rebelle islamiste tué en décembre dernier - a été publiée dans le journal russe Kommersant. On y voit l'adolescente défier la caméra avec une moue frondeuse, un pistolet pointé dans les airs. «Beaucoup de commentateurs ont dit que la jeune femme s'est fait exploser pour venger la mort de son mari, mais on voit dans cette photo qu'il y a plus. Elle avait épousé la cause bien avant l'attentat suicide», dit la professeure Mia Bloom, de l'Université d'État de Pennsylvanie, auteure d'un livre sur les femmes terroristes.

 

Née en 1992 dans le village de Kostek au Daguestan, dans le Caucase russe, Djennet Abdourakhmanova avait 16 ans quand elle a rencontré son futur mari sur l'internet. Quelques mois plus tard, elle épousait le boeviki (nom donnés aux rebelles tchétchènes armés), de 14 ans son aîné, au grand dam de sa famille. Une fois mariée, Djennet a disparu, selon ses parents, pour réapparaître le jour de l'attentat le 29 mars.

Depuis le début des années 2000, le mouvement islamiste tchétchène a eu maintes fois recours à des femmes kamikazes, surnommées les «veuves noires». Une dizaine d'entre elles ont notamment pris part à la prise d'otages d'un théâtre à Moscou en 2002.