Les cendres crachées par un volcan en éruption en Islande ont fortement perturbé le trafic aérien dans le nord de l'Europe aujourd'hui, forçant la fermeture de centaines d'aéroports en France, en Grande-Bretagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Irlande, au Danemark, en Norvège et en Suède. À Montréal, une dizaine de vols à destination de l'Europe ont déjà été annulés.

«Huit vols vers Londres, Paris et Amsterdam ont été annulés ce matin et deux vols à destination de Paris sont annulés pour demain», a précisé Stéphanie Lepage, conseillère en communications corporatives à Aéroports de Montréal. «Nous sommes en attente de nouvelles des transporteurs aériens pour savoir si d'autres départs seront annulés. Quelques centaines de personnes sont affectées pour chaque vol car ce sont de gros appareils», a-t-elle ajouté.

Le volcan islandais d'Eyjafjallajokull est entré en éruption hier pour la deuxième fois en moins d'un mois. L'éruption de ce volcan, situé sous un glacier à 120 km à l'est de la capitale Reykjavik, a provoqué une fonte des glaces et une augmentation du niveau des cours d'eau, ainsi que des projections de fumée et de vapeur. Selon les spécialistes, elle a été de dix à vingt fois plus puissante que la précédente, le 20 mars, qui avait mis fin à plus de 200 ans de sommeil du volcan.

«Il est probable que la production de cendres va se poursuivre à un niveau comparable durant plusieurs jours ou semaines», a estimé un géophysicien du Bureau météorologique islandais, Einar Kjartansson. La perturbation du trafic aérien dépendra toutefois de la manière dont le vent repousse les cendres».

L'épais nuage de cendres noires, long de six à 11 kilomètres, se déplace présentement au-dessus de l'océan Atlantique, près des routes aériennes empruntées par les avions reliant la côte Est des États-Unis et l'Europe.

Des éruptions volcaniques avaient déjà troublé le trafic aérien dans le monde par le passé, mais une perturbation d'une telle ampleur n'avait pas été vue depuis les attentats du 11 septembre.

Le Bureau sismologique aérien a répertorié une centaine de cas de vols rencontrant des cendres volcaniques entre 1983 et 2000. Dans certains cas, les moteurs des avions se sont brièvement arrêtés, mais aucun accident mortel n'a été signalé.

Des milliers de vols annulés

En France, 25 aéroports, dont Roissy et Orly, ont fermé à partir de 17h (heure locale) ou devaient l'être à partir de 23h, a annoncé la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

Les cinq principaux aéroports londoniens ont également été fermés, dont celui d'Heathrow, le plus important d'Europe en terme de circulation, avec plus de 1200 vols et 180 000 passagers quotidiens.

L'espace aérien belge a été entièrement fermé jeudi à 16h30 locales (14h30 GMT). «Nous avons dit que ce serait pour 24 heures au moins, mais bien-sûr en fonction de la vitesse du vent, si ce nuage passe vers d'autres régions et que la Belgique se retrouve sans ces poussières volcaniques, alors on peut reprendre beaucoup plus vite», a commenté le secrétaire d'État belge à la Mobilité, Etienne Schouppe, interrogé par la télévision RTL.

La Scandinavie a aussi été fortement affectée. Au Danemark, l'espace aérien devait fermer à 17h00 GMT, en Suède à 20h00 GMT. L'ensemble du trafic a été interrompu en Norvège, tout comme dans le nord de la Finlande.

Environ 140 vols, soit plus de 10% du trafic quotidien, ont été annulés à l'aéroport de Francfort, le premier d'Allemagne et troisième du continent.

Selon l'Agence-France-Presse, l'Europe enregistre normalement quelque 28 000 vols par jour.

Avec l'Agence-France-Presse et Associated Press